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Phantasma Kai Aletheia

2 avril 2018

Mon Dieu !

Il y a encore du monde ici ?

Quasiment un an après l'annonce de ma grossesse et des premières semaines...me revoici toute neuve ! Je ne suis plus la même femme. J'ai développé une force incroyable à travers mon accouchement qui m'a révélée, clairement, mes forces ! L'accouchement m'a révélée à moi-même. Je me suis vue dans mes capacités, reconnue, impressionnée, oui ! Et puis je me suis pris la tempête dans la figure, la tempête de devenir maman solo d'un nourrisson très vivant, très expressif, très réactif, très demandeur ! Alors j'y suis allée. A fond. Sans tricher. Et j'ai développé depuis une confiance nouvelle et inédite, à travers les 4 mois avec cette petite chose. Je me suis sérieusement upgradée, physiquement, moralement. J'ai développé ma bienveillance, j'ai nourri mon âme.

J'ai continué ma formation de sophrologie et de thérapeutique. Je vais bientôt devenir thérapeute et réaliser mon rêve. J'ai sacrément continué d'avancer sur mon chemin personnel, mes convictions d'accueil des émotions et de ce qui est se sont renforcées, je fais désormais de superbes rencontres amicales. Tous les jalons posés avant se sont alignés....Tout s'est mis à avancer dans le sens que j'avais déjà, mais en beaucoup plus vite. Et tu sais quoi? Je n'ai pas couru depuis 4 mois, et je m'en fous.

Un bébé soleil, un bébé bombe, un bébé magique. 

En quelques mots, ça ira vite :

Tsunami

Bonheur

Apprentissage XXL

Développement personnel XXL

Explosion de toutes les limites et ridigités et conceptions et idées et mental et....

Dévouement, don, amour

Allaitement bonheur

Elle a le plus beau sourire du monde

Je suis heureuse

et foutue : je l'aimerai toute ma vie.

 

Pour plus d'infos bande de voyeurs je suis sur facebook et instagram :)

 

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22 avril 2017

Semaine 4 et Semaine 5 : angoisses et doutes

Le rendez-vous chez le gynéco est pris, pour la 1ère visite et la prescription du bilan sanguin.

La gynéco a la gentillesse de me faire une sorte d'échographie avant l'heure et de me montrer ce petit point blanc à peine visible, collé à une bulle qui le nourrit, et lové dans une petite poche. Vous le voyez clignoter ? (euh non, mais si tu me dis que oui, ça me va.)

Je sors contente : les 3 semaines à 60- 70km hebdomadaires de run n'ont pas découragé ce petit oeuf de s'implanter. La petite chose aime la course à pied !

Je repars avec les petites photos indécryptables et le sourire aux lèvres. Je ne pense pas encore "bébé" ni "enfant", juste "truc qui vit là-dedans". Pour la première fois j'en ai une preuve visuelle, donc irréfutable. Je me sens fière (j'ai été capable de faire ça, moi la fille qui n'a pas toujours choisi de vivre, qui s'est beaucoup planquée dans la non-action, la demi-vie).

Et là, VIOUF.

La lame de fond.

Du jour au lendeman, une fatigue énorme comme je n'en ai jamais vécu. Pourtant j'ai vécu des lendemains de marathons, des nuits blanches, des angines, des anémies sévères, des carences en magnésium, trois mois d'insomnies, une dépression et un burn-out  - tous, petits joueurs.

Une fatigue qui ne te demande pas ton avis, se fout que tu aies bien dormi et que tu n'aies pas fourni d'effort particulier. Un trou noir accablant et lancinant. Des vertiges permanents, du matin au soir. Une impossibilité de courir, même à 7' au kilo. La quasi impossibilité de monter trois marches d'escaliers sans défaillir. Une sensation de faim inhabituelle et désagréable, et....talam...

Les nausées.

(image issue du site No Mummy's Perfect que je conseille). https://nomummysperfect.blogspot.fr/2014/09/burp-les-vilaines-nausees.html

Itsamumslife - nausees

Les nausées.

Je voyais cet épouvantail de la grossesse comme un mythe soigneusement entretenu par des générations de chochottes.

Une sorte de bizutage fictif contruit de toutes pièces pour séparer d'une frontière sacrée celles qui sont dans la confrérie des mères de celles qui ne le sont pas.

Donc il s'avère que je suis une chochotte. Depuis deux semaines, chaque jour, j'ouvre un oeil, nausées et vertiges. Je me lève, haut-le-coeur. Une gorgée de café, difficile. Une gorgée d'eau, dégoût. Je me rends vite compte que le jeune les aggrave donc je me force à manger. Tout ne passe pas mais je parviens à manger à peu près comme d'habitude en quantité et en calories, parce que j'ai lu que c'est important. J'ai la chance de faire partie de celles qui (pour l'instant) ne vomissent pas, donc je ne suis pas en danger de maigreur. (Je crois d'ailleurs qu'il n'y a qu'à l'article de la mort que je n'aurai pas faim. Manger est une passion.)

Que dire d'autre....nausées de 8h à minuit, avec parfois une heure de légère trêve dans la journée. En gros, il m'est impossible de savourer la nouvelle, de m'installer radieuse dans mon état de future maman comme dans les films, de penser à travailler, de discuter avec quiconque, de me réjouir...Tout devient une corvée et je ne pense plus, je ne vis plus que nausées.

J'en viens à regretter d'être enceinte par moments tellement la sensation est insupportable et ne me quitte pas.

Je nuance pendant les rares trêves (comme au moment où j'écris...) mais c'est dur. On est loin de l'état idyllique décrit par la confrérie (encore une, oui !) des mères qui frappées du sceau magique de l'amnésie traumatique conservatrice ont tout oublié et décidé de raconter que la grossesse c'est génial, t'es épanouie ma chéwwiie. Je te renvoie au spectacle de Florence Foresti si tu ne l'as pas vu.

Pragmatique comme fille, surtout quand la douleur s'invite, je parcours les sites et blogs à  la recherche de remèdes miracles, de panacée que bien sûr, je serais la première à trouver sur des milliards de femmes enceintes pendant des générations parce qu'elles sont plus fortes que moi et MOI JE NE PEUX PAS supporter cette douleur.

J'y apprends que dans le meilleur des cas, elles me dureront 3 mois, et jusqu'à 9 mois, dans le pire...

Que "faut prendre son mal en patience" (pa quoi?), que "c'est pour la bonne cause" (meurtre), que "ouais mais on oublie après" (escroc), que "ben t'avais qu'à pas le faire" (ta gueule), et que c'est le signe que tu risques un peu moins de fausse couche qu'une femme qui n'en a pas (va pour celui-là).

Je passe ma journée à tenter de me distraire de mes sensations physiques en regardant tout ce qui me tombe sous le clic...Plus Belle la Vie, The Voice, Mille et une Vie, C'est mon choix (aux grands maux les grands remèdes) la chaîne youtube comique "la Normalitude" et son sujet sur la grossesse...

Je profite aussi de ce temps où je suis malade plutôt qu'enceinte, pour me renseigner sur ce qu'est la grossesse, ses étapes (vite fait, pas envie de flipper à l'avance), ses démarches, le panel de douleurs gastriques, mécaniques, ligamentaires, dorsales et psychiques qui m'attendent, comment ça marche un embryon, comment ça évolue un bébé, c'est quoi un placenta, c'est quoi un utérus (je pars de loin).

Evidemment je fais des trucs qu'il faut pas faire, genre manger des blancs d'oeufs en neige crus, ou des fruits de mer, histoire de flipper un peu davantage, sinon c'est pas marrant.

Je suis une bleue en la matière, j'ai mené ma vie jusque là par instinct davantage que par connaissance scientifique. J'ai 38 ans et environ 22 d'âge mental, à vue de nez (mais je suis peut-être un peu dure avec moi). J'ai pas fini de me construire en tant que femme même si j'ai avancé vite ces dernières années. (ouais, arrête de dire des conneries, t'es quand même presque devenue une chouette nana).(avec plein de failles).(et de craquages).(mais une chouette nana).

Ma petite maman-éléphante détentrice du savoir féminin ancestral étant à plus de 600 km, et ne disposant pas, pour ma part, d'un forfait téléphonique illimité, je pars en quête du Graal - Savoir.

Une copine expatriée en Angleterre me raconte sa grossesse et son accouchement. Le récit est généreux, précis, complet, vivant, magnifique. J'en tire de précieuses leçons qui confirment mon intuition....

En évitant doctissimo, je découvre un merveilleux groupe facebook que je conseille :  "Enceinte au naturel". J'y apprends les dérives parfois graves de l'hospitalisation classique, du parcours classique de la future maman (en gros, interventions médicales intempestives superflues et intrusives, non respect de l'intégrité physique et psychique et de l'intimité de la maman, traumatismes divers, pour "aller plus vite on n'a pas que vous à accoucher".) Tu savais que l'on fait bouffer à la mère des hormones de synthèse pour qu'elle éjecte plus vite son placenta alors qu'elle l'aurait fait naturellement? Que le taux d'épisiotomie inutiles est important? Même chose pour les césariennes, et pour les déclenchements? Je découvre avec horreur une logique "industrielle", presque capitaliste de l'accouchement.

Et heureusement, je découvre bientôt l'existence de parcours parallèles bien plus respectueux et naturels, le concept de l'accompagnement global de la naissance, et l'"accouchement physiologique". J'apprends que l'on peut avoir un "projet de naissance" qui soit beau et qui soit respecté. J'apprends quels sont mes "droits" de femme, face à la grande machine Hôpital. Etant de nature influençable et docile, sans cette connaissance, je me serais laissée piétiner aux dépends de mon bien-être et contre toutes mes convictions. Gratitude, donc...Je découvre peu à peu cette sororité instinctive qui se noue entre les femmes, cette transmission de savoir et ce soutien qui lie des femmes qui ne se sont jamais vues. Ca, ça me plaît ! Tu connais les "doulas" ? Et les Tentes Rouges ? Je vais essayer d'assister à l'une d'elles. Je te raconterai...

Je trouve rapidement un groupe de praticiens libéraux pratiquant cette philosophie. Et donc, je vais rencontrer "ma" sage-femme début mai...Si ça t'intéresse, c'est ici : http://www.groupenaissances.org/

Quant à l'Homme....il m'a accompagnée à la réunion, a semblé intéressé, mais est toujours transi de peur et souvent me coupe lorsque j'évoque le sujet de la grossesse, de l'accouchement ou de l'après. C'est difficile à vivre pour moi. Même si d'un côté je le comprends...Je partage son angoisse (même si la mienne est féminine, liée à la douleur, à ma capacité à être mère, à assurer la survie financière du petit, à l'entourer correctement affectivement...). J'imagine qu'il est en train de vivre les peurs masculines typiques, d'autant qu'il n'a pas souhaité en parler à quiconque pour se soulager, à l'aune de la menace des fausses couches du premier trimestre. Je lui conseille et lui souhaite de se confier au moins à un ami....

Chez moi, c'est tempête sous un crâne :

Et si j'avais des nausées pendant toute la grossesse?

Et si je ne supportais pas le seuil de douleur des contractions qui apparemment surviennent tôt? (je suis une fille douillette t'as pas idée. Le vent froid ça me fout par terre, un cheveux tiré c'est la fin du monde, un rhume m'abat et une pharyngite me pousse aux larmes).

Et si j'avais des maux de dos violents, des infections urinaires aigues, des crampes permanentes ?

Et si je ne trouvais pas de travail dans les jours qui viennent ? (je suis au chômage, à la recherche de clients, mes assedics sont maigres et l'Homme n'est pas fortuné. J'ai à peine les moyens de me nourrir et payer mon loyer, rien de plus.)

Je n'y arriverai pas (en dressant la liste, même minimale, des frais basiques, des achats obligés)

Je n'y arriverai pas (en réalisant que je n'ai pas les moyens de quitter mon studio de 20m2 pour plus grand).

Peut-on élever un enfant dans un 20m2?

Comment gérer ma grossesse toute seule au jour le jour, avec un compagnon qui vit ailleurs et qui n'est là qu'un jour par semaine?

Comment gérer les angoisses nocturnes liées aux symptômes, comment aller à l'hôpital en urgence toute seule ?

Comment réussir à garder le moral si les douleurs sont permamentes et si je prends 20 kg?

Comment élever un enfant en garde alternée lorsque l'on ne s'entend pas assez bien pour vivre ensemble ?

A qui confierai je mes peurs et ma souffrance pendant ces 9 mois? (l'Homme est hermétique, froid et violent lorsque j'exprime une quelconque difficulté/souffrance, déjà avant ma grossesse c'était le cas).

Et s'il naissait, et que je ne l'aimais pas ?

Et si je n'avais pas l'instinct d'amour pour lui, à me retrouver dans la posture de  "je m'en occupe parce qu'il le faut" mais sans plaisir et sans amour ? (une de mes plus grandes peurs).

Et si lui, ne m'aimait pas, me rejettait ou était indifférent? Est-il possible qu'un bébé sente les peurs de sa mère et ne l'aime pas?

Et s'il était moche?

Et s'il préférait son père que sa mère ?

Et si je n'avais plus de vie après?

Et si ma vie était foutue?

Et si j'avais fait la plus grosse connerie de ma vie?

(je t'ai fait un résumé des plus dicibles).

Je sais ce que tu vas me dire : toutes les mamans se demandent ça, au final tout ira bien, blabla. Mais ce genre de discours est difficile à entendre lorsque les angoisses sont grandes...

Je pleure beaucoup la 4e semaine : je réalise que je n'aurai pas cette famille Ricoré qui est mon idéal, dans laquelle j'ai vécu petite avec mes frères et soeurs; que ma vie sera un combat en solitaire, que l'enfant n'aura pas ce foyer que je lui aurais souhaité (l'Homme ne veut pas cohabiter...)

Certains jours, je suis plus sereine, mais l'inconnu reste difficile à appréhender... Moi, celle qui se sent à peine capable de s'occuper d'elle, qui se repose beaucoup sur les autres pour l'aider, pas encore autonome financièrement, qui a déjà tué un ficus et un pot de lierre résistant ("vous inquiétez pas c'est coriace ça ne meurt jamais ces trucs-là") (je jure que je leur ai pas mal parlé et que je les ai arrosés), celle qui a eu sous sa responsabilité un seul petit être, une petite chatte blanche qui a fini par perdre ses reins et mourir à l'âge de 4 ans.

Moi, maman ? 

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22 avril 2017

Plus toute seule dans mon corps

Bonjour à vous que j'ai lamentablement délaissés pendant, euh...six mois?

Je reviens sur ce blog fourre-tout dont la seule ambition est d'ouvrir un espace pour s'exprimer librement, parce que ça fait du bien, et partager des expériences, parce que ça fait du bien !

Ceux qui me suivent un peu sur les réseaux le savent déjà : je ne suis plus toute seule dans mon corps.

J'avais ce désir d'enfant depuis un an ou deux environ, sans trouver la relation de couple qui marche suffisamment pour permettre de se projetter dans cette grande aventure. A ce propos, et comme il m'arrivait de désespérer de ne jamais avoir d'enfant, on m'a confié, dans un groupe de femmes secret et très riche, que la coutume dit qu'un enfant se conçoit par l'imagination et l'intention, environ un an avant sa conception. Une sorte de gestation psychique...J'ai trouvé ça très beau et ça m'a paru juste...

Quelque part, au fond de moi, je savais et je disais, que je serais enceinte à 37 ans. Gardez donc confiance, vous qui en désirez un mais ne voyez pas encore le bout de son nez. Vous êtes en train de préparer sa venue...par la pensée, par le désir, par l'intention. En quelque sorte, vous "faites votre nid"...

La poésie est bien jolie mais elle a ses limites : je suis dans une relation de couple qui n'est pas harmonieuse, "idéale" au sens où je perçois la plupart des couples de futurs parents, soudés, tendres, attentionnés, les yeux plein d'amour. Vous savez, l'image d'Epinal du futur papa qui va acheter des fraises pour sa compagne, est aux petits soins pour la soutenir dans cette épreuve (je confirme que c'en est une), et qui, au fil des mois, caressera tendrement son ventre rebondi lors de séances photos romantiques dans les prés bucoliques.

Bon, nous, c'est pas ça. On s'engueule une fois par semaine, assez durement. Ma relation est compliquée, et nous ne souhaitions pas d'enfant si tôt.

J'aurais tellement voulu que ce soit autrement. Que l'amour soit plus tendre, plus continu, plus doux, qu'il n'y ait pas de heurt, pas de violence. J'ai beaucoup pleuré la 4e semaine. Mais c'est une autre histoire, que vous lirez au chapitre suivant !

Au tout début, donc...

Il y a eu ce rendez-vous gynéco.

Je m'inquiétais de mon âge avançant -38 ans en juillet- et de mon éventuelle fertilité : comment savoir si on est féconde, lorsque l'on n'a jamais eu d'enfant? J'ai beaucoup fait travailler mon corps par la course à pied, de façon intense, régulière, prolongée...(80km de run par semaine pendant 4 ans). Un peu anémiée, souvent fatiguée, y compris par mon cerveau turbulent, suractif et angoissé, mes émotions très prenantes, mon perfectionnisme tendu, "aigu"....Je craignais un épuisement, et une stérilité. Mon couple n'étant pas au beau fixe, je craignais d'y laisser davantage de plumes, d'y perdre mes dernières miettes de femme nubile...Me voilà donc en consultation gynéco, à demander à la praticienne de me prescrire les tests de fertilité. Je sors de la consultation ravie, les tests devant s'effectuer au jour 3 et au jour 5 des règles, et ces dernières devant arriver le soir-même. Je serai bientôt fixée sur ma capacité à procréer !

Un jour passe, puis deux, puis trois. Petit retard de règles. Etant réglée comme un métronome naturellement (arrêt de la pilule depuis 6 ans, par ras le bol de satisfaire le sexe tranquille de l'homme en flinguant complètement mon équilibre hormonal et plus largement physique - je conseille cet arrêt à toutes car je pense qu'il a contribué à me sauver...), je m'inquiète logiquement. Avec une petite pointe d'espoir absurde (mon couple va mal, nous venons de nous engueuler pour la 2578469e fois en six mois, nous ne nous voyons plus, la séparation semble définitive). La nuit même, quelques sensations de chatouillis sur le dessus du ventre m'alertent.

Mais je me reprends au cours de la nuit : "Mais non, encore un coup de tes émotions : tu psychottes. Peut-être même que tu somatises".

Le lendemain, vendredi 7 avril. Il fait un temps magnifique. Un soleil doux et chaud s'est invité. L'été envoie ses premiers signes annonciateurs. Je me lève contente : je vais retirer mon dossard pour le Marathon de Paris, que j'ai la chance de pouvoir courir cette année (merci Vanessa!).

Toujours pas de règles, ces sensations nocturnes...Un doute me saisit : si je suis enceinte, il est absurde d'envisager un marathon sous 24 degrés. Par précaution et sans y croire, j'achète deux tests de grossesse en supermarché. De retour à l'appart, premier test...positif. Le sourire me vient, la main devant la bouche tellement je n'y crois pas. La barre est très nette, le doute n'est pas permis.

J'appelle le futur père, en commençant par lui demander s'il croit encore à notre couple (réponse, non), puis je me lance et le lui annonce...Il réagit froidement, sans trop me croire. Coup de fil bref et désagréable.

J'appelle ma mère...Je reçois un meilleur accueil.

Deuxième test de vérification, toujours positif.

Bien, j'irai au retrait de dossard pour blablater avec les amis, mais je donnerai mon dossard à quelqu'un !

Un sourire béat m'anime toute la journée, je marche auréolée de la nouvelle, j'ai envie de l'annoncer au contrôleur du tram, au voisin de siège, aux passants. Les gens me regardent et doivent se demander ce qui m'arrive.

Je donne mon dossard à une maman célibataire, qui me réconforte sur la vie de mère seule et apaise quelques unes de mes craintes...

Le lendemain matin, je rejoins le flux des coureurs du marathon, coupant l'itinéraire par moments dans le but de rejoindre des amis déjà devant....Surprise, malgré l'anémie, la foulée est bonne, je suis en forme, j'ai la pêche, je dois réfréner mon rythme allant titiller les 5' au kilo, et je souris en permamence - pour le coup, à cause de cette course superbe. Une ambiance magnifique, qui porte littéralement. Je rejoins quelques amis qui le courent sérieusement, fais un bout de chemin avec eux, puis récupère un autre ami,...Je profite de chaque foulée en réalisant qu'il s'agit peut-être de mon dernier run avant longtemps (rétrospectivement, en effet!). Je m'arrête au bout de 19km.

Je retrouve l'Homme pour un brunch entre amis, une pétanque amusante...Il est soucieux mais a des gestes de tendresse vers moi. 

Lundi : la prise de sang confirme la grossesse et le taux d'hormones indique 3 à 4 semaines de grossesse....

Je ferai donc, si tout va bien, un petit sagittaire. Signe de feu, zut ! Je crois que ça ne colle pas avec mon eau. Mais si la vie m'a donné ça, c'est qu'elle a ses raisons.

Je suis en forme, un peu fatiguée mais en forme. Pas d'angoisse particulière (ce qui est louche), si ce n'est la crainte de la fausse couche. Je prie pour qu'il s'accroche !

à suivre...

photo (1)

16 décembre 2016

Hyperesthésie, agoraphobie, hypersensibilité, autisme, Asperger

L'hyperesthésie

Le mot vient du grec "hyper" qui signifie "grossissant, maximisant, exacerbé", et "esthésie", qui signifie "les sens, la perception".

C'est une sorte de "loupe" posée sur chacun des 5 sens, qui donne accès à une réalité maximisée, augmentée, zoomée.

C'est une exacerbation naturelle des 5 sens. Une sensibilité plus forte que la moyenne au niveau de l'odorat, du goût, de la vue, de l'ouie, du toucher, qui fait que l'hyperesthésique va percevoir le monde "plus fort" que les personnes lambda. C'est une sorte de feu d'artifice permanent qui accable ses récepteurs sensoriels. Les sons sont entendus plus forts, les paysages et détails visuels sont vus plus intensément, le toucher provoque des vibrations plus profondes. Un kaléidoscope de sensations s'accumulent, se chevauchent, se succèdent et déposent leurs impressions dans la boîte pleine du cerveau de l'hyperesthésique. Une psychothérapeute m'avait un jour évoqué cette image d'un store vénitien, dont les lames seraient ouvertes au maximum, laissant tout passer, sans filtre.

L'hyperesthésie concerne les autistes, les personnes atteintes du syndrôme d'Asperger, mais aussi les adultes surdoués, dit "zèbres" , "hypersensibles" ou "à haut potentiel".

La cause : des neurones plus vifs, plus réactifs au niveau des synapses (myéline différente de celle de la moyenne de la population)

Les neurosciences apportent de nouvelles réponses : pour certains chercheurs le cerveau autiste est un “supercerveau”, une cerveau hyperconnecté dont les fusibles cèdent plus rapidement que dans le nôtre.

Au Centre de consultation spécialisée en autisme de l’Office médico-pédagogique de Genève, la psychologue Hillary Wood recherche chez les enfants les signes de la triade autistique: trois symptômes que présentent tous les autistes. Le premier renvoie à des anomalies dans la communication verbale: l’enfant emploie des phrases répétées, comme un écho qui parasite la conversation. Les psychologues ont aussi décelé le symptôme du «centre d’intérêt restreint». Le troisième élément de la triade autistique concerne, quant à lui, des difficultés dans les interactions sociales. Les deux premières attitudes peuvent découler de l'hyperesthésie. Un centre d'intérêt restreint, une "obnubilation", une "fixation" peut être, justement, un moyen de s'extraire du trop plein d'information, de le concentrer dans un thème unique, en quelque sorte de focaliser afin de s'apaiser.

Sans aller jusqu'à l'autisme, de nombreux hyperesthésiques peuvent ressentir une énorme colère et un stress violent rien que par le croisement de deux sons différents qui se chevauchent et se contredisent : par exemple, une conversation avec un ami, et une conversation à la télévision, assez forte. Cela peut être insoutenable et nécessiter l'arrêt de l'une ou de l'autre.

Dans le cerveau autiste, non seulement c’est un chantier permanent, mais le trafic y est plus dense et les embouteillages plus fréquents. En clair, plus proche d’un carrefour en ville que d’un croisement à la campagne. C’est la théorie du monde intense. Pour permettre au cortex des enfants autistes de se développer correctement, il doit donc être mieux protégé des aléas du quotidien.

L’écho de pas tonitruants avec une onde sonore visible ondulant autour des talons. Des ballons multicolores qui brillent et brillent encore jusqu’à apparaître blancs… Un bruit de sonnerie constant qui ne fait qu’amplifier… Quelques pièces de monnaie tombées par accident mais qui sonnent comme un coup de canon! La respiration qui devient de plus en plus difficile et le champ de vision qui commence à se rétrécir…

Tous ces événements imperceptibles dans la vie quotidienne de la plupart des gens deviennent une lutte pour ceux qui vivent avec l’autisme. La National Autistic Society – Société nationale autistique (NAS) –  du Royaume Uni a publié un court  film de réalité virtuelle qui permet à des non-autistes de faire l’expérience de ces épisodes de surcharge sensorielle. (voir ci-dessous).

Ces extraits, cette vidéo témoignent de ce que vivent les hypersensibles soumis à une sorte de surstimulation sensorielle, de surcharge perceptive. Une plongée dans un environnement dit "normal" leur apporte une quantité bien plus fine, plus intense et plus forte d'informations olfactives, gustatives, tactiles, auditives et visuelles, qu'une personne lambda. Ils vivent dans une sorte de réalité augmentée.

Les inconvénients 

Les inconvénients paraissent évidents : sortir de chez soi, de sa bulle calme, peut devenir un véritable calvaire. Pour un hypersensible fatigué, sans énergie ou en phase de dépression, et a fortiori pour un autiste. Un carrefour, la circulation automobile, les klaxons, le bruit des sirènes, les foules de gens pressés qui marchent et se bousculent, les mauvaises odeurs, ou même le trop-plein d'odeurs, forment une sorte de sur-stimulation épuisante, comme si le cerveau était happé par l'extérieur, et éparpillé en mille morceaux, "pris" , captivé par chaque bruit, odeur, vision, se succédant à grande vitesse. La saturation survient très rapidement, là où elle prendrait davantage de temps chez une personne lambda soumise aux mêmes stimuli. Cela commence par une agitation intérieure, puis manifeste, et une fatigue intense, ainsi qu'un stress qui peut aller jusqu'à la paralysie. Le champ de vision est rétréci, la personne fonctionne en mode "animal", cherche l'issue la plus courte, ne parle pas, bascule en mode survie. Les crises de panique sont fréquentes. De l'intérieur, c'est un peu comme si vous étiez "pénétré" par le monde extérieur, assailli, sans pouvoir vous en protéger. Que vous étiez mis à terre par une bourrasque violente, "soufflé". Le cerveau se retrouve à devoir traiter une surcharge d'informations supérieure à celle que reçoivent les gens normaux, dont la perception est moins fine. Cette surcharge d'information éveille les circuits neuronaux, agite, excite, puis panique car le tri est impossible.

L'accumulation de bruits, d'odeurs, de stimuli visuels, les conversations croisées et bruyantes, entrecoupées d'images criardes qui durent quelques fractions de seconde à peine, finissent par induire une sorte de "transe", d'agitation intense de laquelle l'hyperesthésique est totalement prisonnier. Il n'a pas le temps de les traiter chacune, car elles sont trop nombreuses et intenses. Son cerveau est engagé, investi, ravagé par ces stimuli qu'il subit sans pouvoir s'en extraire. Un peu comme un lavage de machine intensif qui s'opèrerait à l'intérieur du cerveau. L'hyperesthésique, une fois qu'il est soustrait à ces stimuli insupportables, se retrouve comme éreinté. Il va lui falloir énormément de temps seul, au calme, pour se "récupérer", se reconstruire, retrouver son axe.

Les situations et lieux les plus fréquemment déclencheurs d'angoisse : les carrefours de grandes villes (boulevards, forte circulation automobile, métro, cyclistes, passants, feux...). Les hypermarchés s'ils sont bondés (stimulis visuels, mouvements de foule). Les rassemblements (stade de foot, fêtes, bars...). La proximité physique, olfactive, ajoutée aux bruits (métro). Le télescopage de bruits concurrents (ex : entretenir une conversation avec quelqu'un, dans un fond sonore très bruyant).

Ainsi, la personne, pour se protéger, peut avoir tendance à s'isoler, à se couper de la vie sociale pour sa propre santé.

Les avantages

Oui, il y en a ! Une capacité à s'émerveiller de la moindre touche de lumière sur une feuille dans un arbre au milieu d'un parc, devant laquelle personne ne s'attarderait, que personne même ne remarquerait. La beauté visuelle ou sonore d'un froissement de jupe, d'un mouvement de corps imperceptible à l'oeil standard. Une extase gustative en savourant un aliment, en en saisissant toutes les nuances, les raffinements, les subtilités. Un paysage. Une musique..Les hyperesthésiques sont bien souvent....des esthètes.

Un artiste hyperesthésique saura créer avec subtilité, jouer des nuances sonores ou visuelles et provoquer des émotions.

L'hyperesthésie peut aussi être une source d'empathie notable dans la relation à l'autre. L'hyperesthésique ressent tout plus fort, donc capte des signaux qu'émet son interlocuteur (et dont ce dernier n'est pas forcément conscient !). Il peut capter ce qu'il ya  derrière une inflexion de voix. Il sait créer des atmosphères chaleureuses et accueillantes pour l'intimité de l'autre. Il sait

L'hyperesthésie, c'est cet étrange "mal"  dont souffrait la fine et délicate Princesse au Petit Pois dans le fameux conte de fées ! Sous x couches de matelas, la future belle-mère avait dissimulé un petit pois. Elle recherchait pour son fils une jeune femme délicate, sensible. Elle avait fait venir des dizaines de jeunes femmes. Toutes dormaient d'un sommeil de plomb. Elle congédiait les grossières insensibles...Un matin, une jeune femme, les yeux fatigués, avait confessé son embarras...Elle n'avait pas dormi de la nuit, gênée par ce petit pois....Elle fut choisie par la mère pour épouser son cher fils...

S'en accommoder ?

Quelques pistes peuvent être proposées.

1/ L'admettre. Vous ne pourrez pas changer la qualité de votre perception. A moins de raboter vos oreilles, votre nez, voiler vos yeux, ganter vos mains et anesthésier votre palais, elle sera toujours supérieure à la normale. L'admettre, c'est faire un pas vers la manière de s'en accommoder.

2/ Choisir son lieu de vie. Ses lieux de rencontre. Oser proposer des lieux qui vous inspirent et vous apaisent, et refuser ceux qui vous angoissent. Trouver des alternatives au métro, au bruit.

3/ se créer des sas. Des bulles. Savoir détecter lorsque son seuil de tolérance est proche d'être dépassé, afin de se mettre au calme avant que la crise se déclenche. (ceci suppose d'être en lien avec son corps, d'être "à l'écoute". Le yoga et la méditation permettent de développer cette capacité).

4/ avoir un kit de survie sur soi : des boules quies toujours dans une poche, une couverture pour le froid ou pour se faire un cocon, une musique fétiche ou un livre favori..

5/ travailler son ancrage. Yoga, respiration, toutes les postures ancrant les pieds dans le sol, aident à rester centré, à moins se laisser dé-centrer par les stimuli extérieurs.

Liens : 

Le film français : le Goût des Merveilles

extrait simulation au coeur du cerveau d'un autiste

( lien des deux vidéos : http://www.larealitevirtuelle.com/2016/06/10/realite-virtuelle-video-montre-etre-autiste/ )

6 novembre 2016

Body & Soul

Tiens, coucou toi !

Je t'avais un peu délaissé, petit blog. Je ne sais même pas s'il te reste quelques lecteurs...Je remets le bout de mon nez ici, dites-moi si vous êtes là !

Depuis le départ de ma grand-mère en mars 2016, j'ai détaché le lien un peu trop serré que j'avais avec les réseaux sociaux (et donc le blog). Je m'y suis perdue dans de fausses amitiés qui se sont retournées contre moi, de faux débats. Mon année 2016 a donc été une belle année réelle, avec moins de virtuel, et j'en suis ravie.

Deux très belles rencontres ont marqué cette année. Un homme qui est une sorte de frère jumeau complémentaire, avec qui une belle complicité s'est nouée, que je vois bien rester dans ma vie pour toujours. Un compagnon, d'autre part, qui répond à ma soif de maturité, de recul chez l'autre. De bienveillance aussi, pour ces deux personnes.

J'ai mieux choisi mes relations, aussi. 

La bienveillance...

Côté running, j'ai eu une année en dents de scie, avec une fatigue physique lancinante agrémentée de diverses somatisations liées à un burn-out professionnel. Ces "signaux" ont été écoutés. J'ai mis fin à ce qui ne me faisait plus de bien. Cette période m'a aussi appris à écouter encore davantage mon corps, qui décidément, est un messager et un allié de taille pour recentrer ma vie...Dès que je pars dans un truc qui ne me convient pas...sur le plan émotionnel, physique, intellectuel....et que je persiste un peu tête baissée, en mode sacrifice, forcing, aliénation....BIM il m'envoie un truc.

J'ai appris en 2016 à écouter vraiment ses signaux. C'est-à-dire à déchiffrer au-delà du physique (non, ce n'est pas "juste" une tendinite....tu n'as pas "juste" pris froid...ce n'est pas "juste" à cause de ta chaussure ou de ce mouvement...).

A présent je passe des contrats avec mon corps. En général sur plusieurs plans.

Exemple concret : une douleur sous le pied ressentie après une rupture :

-j'accueille et j'écoute l'émotion. Il t'arrive quoi? Qu'est-ce qui se passe dans tes tripes ? Et j'écoute la réponse sans juger. (>ex : "je me sens abandonnée". Je panique. C'est le vide.) Je ne juge pas la réponse, je ne la contredis pas. ("Ok, tu te sens abandonnée. Toute seule, laissée tomber un peu? Comme orpheline ?" >> "oui, c'est ça" > "d'accord"). Et ensuite je prends dans mes bras la petite partie de moi qui ressent ça. Je lui dis que je suis là. Je lui promets que je vais m'occuper d'elle, moi.

-j'accueille et j'écoute le corporel. En l'occurrence : j'avais dépassé un certain seuil de volume kilométrique les deux semaines précédent l'apparition de la douleur. Je passe alors un contrat précis : je te promets, corps, que cette semaine je ne dépasserai pas 60km. Et je tiens ma promesse.

-je passe sur le plan matériel en dernier (selon moi, finalement, le moins important, paradoxalement !) : massage de la zone, huiles essentielles.

Ce faisant, la soi-disant "tendinite" a duré...4 jours. J'ai pu reprendre la course. J'ai tenu mes promesses. Je me suis sentie bien.

Je n'ai pas encore appris à éviter les erreurs : je vais encore souvent trop à fond dans un truc. Mais j'ai appris à réagir beaucoup plus vite et surtout à réagir d'une façon bienfaisante et constructive.

Côté perf : ça ne m'intéresse plus trop. Je ne cherche plus à battre mes RP, que je pense d'ailleurs indépassables. Je pense avoir atteint mon optimum physique en 2013-2014, à la faveur d'une conjonction de facteurs (fraîcheur, disponibilité, momentum particulier, entourage, âge, contexte, etc). Les gens croient que c'est négatif de penser ça. C'est marrant....J'ai juste pas envie de rentrer dans la perf à tout prix. Je trouve que je maintiens bien mon niveau, je travaille ma course quasi autant qu'avant, en forçant un peu moins, mais en bossant dur quand même. Et ça me va. Ca me plaît vraiment, toute cette endurance en forêt. Le fractionné ne m'attire toujours pas..C'est mon choix. Il me rend heureuse...

Je n'ai pas appris tout ça toute seule. La philosophie et l'enseignement d'une certaine Isabelle Padovani, dont je vous conseille fortement les conférences sur youtube, y sont pour beaucoup.

A 37 ans, je réalise que j'ai beaucoup grandi...Ma vie est bien plus cool qu'en 2015. Gratitude !

Et vous? Vous avez grandi aussi en 2016?

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26 juin 2016

Trois blogs chouchous de 2016

Pour une fois, on ne va pas parler de moi ! Oohh....j'entends vos soupirs déçus ! Rassurez-vous ! Je ne cours plus depuis 10 jours et je suis en vacances donc vous allez en avoir, de l'article de blog ! Déjà 4 en un week end, tavu?

Donc ne pas parler de moi.

(c'est pas facile, hein).

J'avais envie ce soir de vous présenter trois blog qui me tiennent vraiment, vraiment, vraiment et vraiment à coeur.

La premier est celui qui m'a redonné envie d'écrire hier. C'est le blog d'un prof ultra connu sur les RS pour son personnage-avatar "monsieur le prof", brillant et drôle et acerbe et lucide sur sa pratique et son quotidien. Hé bien ce cher jeune homme est, en plus, doté d'une superbe -et je pèse mes mots- plume et quand je dis superbe, c'est parce que le fond tient la dragée haute en permanence à la forme. Ce jeune homme donc, est prolixe et m'a donné déjà 3 coups de coeur bloguesques :

1/ Son blog général : http://monsieurleprof.com/

2/ Son blog sur ses histoires sentimentales : http://partenairesparticulieres.com/

- Une écriture lucide, poétique, eternalsunshineofthespotlessmind-esque. Certains articles sont dignes d'un roman, d'autres sont beaux à pleurer.

3/ Son blog de voyage est le dernier en date que je découvre : https://bonjmecasse.wordpress.com/

- On y sent toujours cette même lucidité, cette mélancolie drôle, ce mélange de crudité et de poésie, cette légèreté qui taquine en permanence la profondeur. Il m'a donné envie de voyager et surtout d'écrire. Certains passages sont carrément proustiens. Allez voir notamment : "Jour 24, Yosemite".

La deuxième est une jeune boulimique comme moi youuuuu, dont la créativité s'exprime par le dessin. Elle s'appelle Emilie et le titre de son blog veut tout dire :

http://jeveuxvivre.com/author/emilie/

- Des situations du quotidien, des prises de conscience, des écueills de communication, et une recherche de l'authenticité en permanence. Et ça, ça me parle ! Un de ses articles m'a notamment touchée coulée : lorsqu'elle va "chez le docteur de la tête".

Le troisième est un blog en anglais, traitant de l'introversion avec une finesse et une exhaustivité que je n'ai jamais vue ailleurs. J'ai appris plein de choses et ai découvert que je n'étais pas seule au monde, ni bizarre, ni dingue, ni folle, ni autiste, ni dangereuse, ni foutue. Ce blog est une mine de déculpabilisation pour les introvertis, (même les sociables!), hypersensibles, hyperesthésiques, HPE, HPI, énnéatypes 4, surdoués, zèbres, enfants indigos. Il est à fourrer entre toutes les mains, des introvertis, mais aussi de leur entourage extraverti (parents, amis).

http://introvertdear.com/

En lien avec "The Quiet Revolution" :  http://www.quietrev.com/

 

Bonnes lectures, et dites-moi ce que vous en pensez !

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26 juin 2016

26 juin. Charenton

Le 25, je réalise que je ne suis pas amoureuse, mais amie, de cet homme.

Nous nous séparons. J'ai pour habitude que mon mec soit mon meilleur ami, donc, comme à chaque rupture, je me retrouve seule au monde. Comme Tom Hanks avec son ballon de foot, je parle toute seule, dans la rue. Je marche d'un pas las vers le supermarché. Je consomme 6500 calories en avalant mes courses, puis en me faisant livrer à domicile. Je mange pour remplir le vide. J'écris un peu ici, sur le blog. Je songe à l'avenir. J'essaie de tirer du présent vide la force de partir : si tout indique ici que je n'ai rien à apporter à personne; si mes tentatives de conciliation avec mon ami ont échoué; si mes deux amis qui restent ne sont jamais disponibles ou disposés à faire des choses; si mes seuls interlocuteurs de journée sont des caissiers, ou des passants, inconnus, dans la forêt ; n'est-ce pas le signe clair que ma destinée est ailleurs?

Je cherche un signe. Sur les sites de rencontre : un signe, quelqu'un qui avec qui ce serait "ça". Une bribe de message plus parlante qu'une autre. Une vidéo de Padovani sur le thème de la "solitude" m'apporte un peu de réconfort temporaire. Je vois le temps qui passe. 37 ans dans quinze jours, une vie très transparente, très invisible, très en retrait. Pas de construction à mon actif. Pas de liens qui perdurent. Une capacité, certes, à nouer des liens avec les inconnus dans la rue. Le lien, positif, avec la forêt. Mais la forêt n'est pas un être humain, toute magnifique soit-elle. Cette envie d'enfant. Cette certitude que, malgré les failles de mon existence présente, avec un autre être, je saurai faire.

Le 26, je croise mon gardien en revenant du supermarché. Il aime toujours qu'on discute. Et j'ai eu tellement peu de paroles cette semaine que j'ai besoin de parler. Alors je lui raconte la tendinite, le départ prévu pour Grasse. Je remonte. Je regarde l'athlétisme à la télé. Je redescends. L'air extérieur sent l'été. Le soleil, le vent tiède, les odeurs de repas en terrasse, les tenues des gens dans la rue, qui s'activent, qui vivent. Une mère qui appelle sa petite fille à ne pas trop s'éloigner "Il y a beaucoup de portes de garages!". La vie qui se déroule hors de moi, sans moi, comme si souvent. Les journées comme aujourd'hui me rendent mélancolique, parce que la beauté du temps, le calme du dimanche, rendent la solitude plus aigue par le bonheur potentiel qu'elles recèlent et font presque goûter. Et par les souvenirs de belles journées heureuses et partagées qu'elles évoquent. 

J'écris, la fenêtre entrouverte, avec cette beauté qui fait mal. Quelques bruits lointains d'enfants qui jouent me viennent, comme à la mer. Echos des immeubles voisins et des cours lointaines. Des bruits de fourchettes tintent sur des assiettes de salades d'été. Des gazouillis d'oiseaux qui disent l'été et le dehors. Je recommande à manger. La journée sera aussi calorique. La solitude consommée - tiens, l'expression est marrante.

L'instant est sans limite. Il est sans but, neutre. C'est presque dur, cette neutralité : la possibilité d'être heureux est toujours quelque part. Etre à côté, sans l'être, c'est le pire.

Le cerveau est plein.

Je vois ma thérapeute, demain. Je suis contente. C'est une personne vivante. C'est une sorte d'alliée, c'est une sorte d'amie. Voilà, c'est ça : je paie pour avoir des amis. Ca m'arrache un sourire. C'est pathétique, en un sens, en le lisant, peut-être. Mais cela compte, tellement. Peu importe qu'il faille payer. Cela existe.

La voisine tourne sa clé dans sa serrure. C'est par ce bruit que je la connais le plus. Elle est âgée, petite, dégourdie, et bien vive. Elle a perdu son mari.

Tiens, je parlerai de mes difficultés à "être en couple" à ma thérapeute. Et à me faire des amis. Au fond, c'est surtout la difficulté à sortir de chez moi. Une fois que je fais les démarches, je me les fais, ces amis-là. La vie me l'a prouvé. Mais je reste dans ma tanière. C'est comme ça. Comme ces adolescents japonais, ces Hikikomoris. Avec la thérapeute, on va parler à la petite fille qui reste dans sa cachette. On essaie de l'apprivoiser. Pour peut-être, ensuite, l'accompagner dehors, hors de sa caverne. Parmi les autres.

L'oiseau gazouille toujours dehors. Mon burger va bientôt arriver. Peut-être la somnolence va me gagner, et que demain matin, un jour neuf va se lever.

 

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26 juin 2016

Voir ailleurs si j'y suis ?

Alors ça y est. J'ai accepté le poste, trouvé le logement. Je pars à Grasse, près de Nice, le 15 juillet. Je quitte mon Val de Marne, je quitte mon Bois de Vincennes chéri.

Une fuite ?

Peut-être. Une fuite parce que j'ai perdu mon meilleur ami. Et sans lui, la vie ici, est moins agréable. Ce sont des runs, des apéros, de l'enthousiasme, des idées, des complicités en moins. Un départ parce que je n'ai plus rien qui m'attache ici, sans cette amitié. Je n'ai pas trouvé l'homme de ma vie ici ! Il me reste trois amis hommes, dont deux que je vois très rarement car ils sont pris par leurs vies, ou pas disposés à partager des choses.

C'est pour toutes ces raisons relationnelles que je pars. Quelque chose me dit que je n'ai plus rien à faire ici. Je ne suis indispensable à personne finalement.

En revanche, certaines choses vont me manquer et me freinent un peu !

Pour commencer, mon Bois ! Mon Bois d'amour. A qui je consacrerai prochainement un article avec quelques photos. Cela fait deux ans et demi que je le fréquente tous les jours ou presque. Que je le foule, en courant ou en marchant. Que je m'y allonge. Que j'y ai ri, et pleuré. Il m'a accueillie, entourée, enrobée de ses senteurs et de ses bras calmes, couverte de sa pluie, de sa bruine, effleurée de ses brises chaudes. Il va me manquer. Ma route de la demi-lune. Ma barrière de Gravelle. Mon allée royale. Ma route de la Tourelle. Et tous mes arbres. 

Les quelques sourires que j'y croise aussi vont me manquer. Mon papy tunisien !

Mon gardien d'immeuble, toujours prêt à taper la discute.

Ma caissière sympa du Simply Market, Martine.

Mes caissiers du magasin bio.

Ma psychothérapeute, toute douce et bienveillante.

Je vais donc voir ailleurs si j'y suis. A Grasse. Il y a de la nature, j'ai vérifié ! Des cascades, des forêts, des odeurs. La mer pas loin.

J'ai repéré deux trois circuits de randos, deux trois lacs, deux trois forêts. Je ferai des randos, des repérages, je vous raconterai mes découvertes, promis. J'ai aussi repéré un groupe de yoga. J'ai les boules, bien sûr ! Tu me connais. Mais voilà.

A suivre...

Et à méditer, petite citation en rapport avec la Ville où je m'installe, rien moins que la ville du Parfum...

Accepte de fleurir là où le sort t'a planté.

Ella Grasso

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26 juin 2016

J'me tire

Un petit moment déjà que j'hésite à en parler ici, parce que j'ai mis du temps à prendre cette décision, et qu'à l'heure où j'écris, elle est prise sans l'être, c'est-à-dire que j'ai un plan de secours, pour pouvoir faire machine arrière au moins pendant les trois mois qui viennent.

Toi qui me suis sur facebook ou twitter, tu sais sans doute que j'ai passé une année difficile au travail. J'adore mon métier, pour plein de raisons. Notamment la transmission, le partage, le rire avec les élèves, leur confiance, leur contact. Et pourtant j'en ai souffert, pour d'autres. Notamment les horaires, l'ambiance entre adultes, une certaine fatigue relationnelle -c'est un métier très stimulant nerveusement, car ce sont des ados. Et le salaire, légalement injuste. Mon parcours atypique de certifiée du public (Capes) qui a ensuite opté pour le privé, m'a privée- c'est le cas de le dire- non seulement de ce diplôme (le Capes n'est pas reconnu par le privé, qui a son "propre" concours, le Cafep : c'est le même examen, nous sommes tous dans la même salle, passons les mêmes épreuves, mais le code à inscrire dans la marge de la copie est différent), mais aussi de l'expérience et du salaire qui va avec.

Autrement dit, je me suis retrouvée, pendant deux ans, professeur dans le privé, avec le statut d'un étudiant licencié, point, barre. 1250e net, pour un temps plein. Au lieu des 2100 normalement attribués au vu de mon concours et expérience.

Au-delà de la difficile viabilité d'un tel salaire en région parisienne, qui fait que mes parents ont dû m'aider pendant deux ans, moyen lorsque tu as 37 ans, c'est surtout l'injustice légale, le mépris officiel qui m'ont fait mal. 1250, c'est moins que ce que j'ai gagné, ma toute première année de professeur stagiaire, sortant à peine du capes. Il y a 15 ans.

J'ai donc décidé d'arrêter.

La décision n'est pas venue facilement. Beaucoup d'insomnies. Les élèves qui me transmettaient que je leur manquais. Et ils me manquaient beaucoup aussi. Ils m'ont stimulée, ils m'ont forcée à être créative, drôle, plus libre, plus réactive, plus "rebondissante", plus à l'écoute, plus dans l'instant présent et la réalité, plus tranquille aussi, plus respectueuse des différences. Ca a été un sacré miroir, un qui ne ment pas. Je n'ai pas fini de leur parler de Jean Valjean. Je n'ai pas pu leur dire au revoir.

Ce n'est qu'un au-revoir, pour les élèves. Je me garde la possibilité de redevenir prof si mon nouveau boulot - qui fera l'objet d'un autre article- ne me convient pas, ou si leur contact me manque. Je sais que j'ai encore des choses à faire avec les jeunes.

Je termine par une petite lettre au rectorat, que je compte bien envoyer.

Voilà, une page se tourne. Je n'aurai pas réussi à être à la hauteur de mes attentes ni à celle des attentes du système probablement. Je me console en me disant que j'ai fait ce que je pouvais avec les moyens du bord. Je me console en me disant qu'ils auront lu le Lion, les Misérables, Edgar Poe, Théophile Gautier, Richard Bach, Michel Tournier, qu'ils savent à quoi sert le subjonctif présent, qu'ils différencient une cause d'une conséquence, qu'ils réfléchissent au sens des mots, à leur composition, leur histoire, les liens qu'ils entretiennent entre eux; je me console en me disant qu'ils auront davantage de mots pour dire toutes les nuances d'une idée, d'un caractère, d'une qualité, d'un défaut. Je me console en me disant que j'ai toujours essayé d'accueillir leurs états d'âme et de leur montrer que rien n'est "mauvais" ni "honteux". Je me console en me disant que je n'ai pas été cassante ou tyrannique. Je me console en me disant qu'on a eu des moments sympas et joyeux.
Bien sûr j'aurais voulu rester plus longtemps, faire plus de projets, de défis lecture, donner encore plus le goût de lire, de dire, d'interagir, de réfléchir, d'écouter. Bien sûr j'aurais aimé pouvoir être mon idéal.
Mais mes limites m'ont rattrapée et j'ai décidé que la santé était importante, peut-être même davantage que les idéaux.

Cher rectorat, je n'ai pas réussi à me lever à 6h du matin, travailler 50 h hebdos, penser et structurer mon job en weekends et en vacances, pour un salaire de 1100 € qui ne tenait compte ni de mon CAPES ni de mon ancienneté. Pour toutes ces injustices, mais aussi pour les rigidités du système, des notes, des réformes concernant le français et le latin, du nombre d'enfants par classe, des programmes, des relations direction/profs/parents, de la pédagogie douteuse de certains adultes, je vous rends ma copie. Vous aurez eu raison de mon choix de métier, vous n'aurez pas raison de ma passion pour les mots, l'apprentissage, les personnalités, les relations, l'étymologie, la réflexion. Je n'oublierai pas non plus les visages de ces ados, surtout les lumineux, les curieux, les souriants. Un coup à te filer de l'optimisme pour la suite. Ciao !

 



26 juin 2016

De l'empathie entre amis.

Prenons pour illustrer la suite, un exemple de cas précis de relationnel amical classique qui ne fonctionne pas :

X raconte à Y qu'il ne se sent pas bien à cause de Z. 

Y est extérieur à l'histoire, il peut donc offrir une oreille, une écoute. En réalité, croyant bien faire, il lui prodigue un tas de conseils, sur un mode un peu injonctif et moralisateur (du genre "il faut te bouger les fesses, là" "il faut te bouger pour avancer, regarder vers l'avenir, t'activer, c'est tout ce que je peux te dire; sinon on s'enfonce parce qu'on ne fait rien !".

Que croyez-vous qu'il se passe ? Comment se sent X à présent? X n'est pas consolé le moins du monde - pire, il est "réprimandé" et/ou infantilisé et sa douleur est complètement rejetée, évacuée par l'autre. L'étape la plus importante, celle de l'accueil de l'émotion qui est là, est zappée au profit de l'étape ultérieure : aller mieux, l'avenir. L'émotion n'est pas "accueillie". Une émotion, pour arriver à sa fin de vie, doit être verbalisée ou entendue, reconnue, reçue. Elle doit vivre sa petite vie d'émotion, puis meurt d'elle-même. Dans notre exemple, elle est court-circuitée.

Bien sûr, tous ces conseils que Y lui prodigue, X les connaît et les applique déjà ; ce n'est pas cela qu'il recherchait en se confiant à Y.

Mais alors, que recherchait-il ?

X voulait de l'empathie.
L'empathie, c'est "mesurer" la douleur de l'autre, s'asseoir sur un banc à côté de son ami et faire "résonner sa plainte", la reformuler, pour qu'il la sente comprise, entendue, mesurée à sa juste intensité de douleur. L'empathie, ce n'est pas prodiguer des conseils aussi avisés soient-ils. L'être humain ne veut pas de conseils (il les connaît déjà, les applique déjà, ou essaie de toutes ses forces de les appliquer et peut éventuellement se sentir très mal de ne pas réussir !) - non, il ne veut pas de conseils - il veut de l'empathie, c'est à dire que sa douleur soit mesurée. Mesurée !

X a entendu :

"il faut se bouger pour sortir de ça"- cela ne l'aidera jamais à se bouger et il peut en outre culpabiliser de ne pas parvenir à "se bouger" instantanément.

X aurait voulu entendre

sa douleur, reformulée par l'autre, tel un écho : " je comprends mon chéri, que ça ne doit pas être facile ton isolement. Tu as perdu un ami très cher et ça te meurtrit, ça te rend triste. Parce que c'était précieux pour toi. Et puis tu as fait des efforts pour réparer ce lien alors ça te fait triste, que ça n'ait pas marché."

Là peuvent couler les larmes libératoires. 

De là pourra se panser la plaie.

Bonne nuit à tous.

 

Captureempathie

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