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Phantasma Kai Aletheia
10 juin 2014

Running et Psychopathie, volume 1.

Je sais pas toi, mais moi, j'ai beau être la reine du feeling, de l'instinct et du courir-naturel, de temps en temps  souvent tout le temps, je suis quand même une grosse névrosée de la cap.

Je ne vais pas ici m'étendre sur les circonvolutions de ma personnalité borderline lunaire et insaisissable, je crois que mon goût pour les entre-virgules, les digressions, les phrases à rallonge, les entre-tirets, la formulation ad libitum pour dire un truc qu'un gens normal bouclerait en trois mots et ma syntaxe absconse s'en font suffisamment l'écho.

Nan, mais par contre, je peux te raconter mes running tocs. Quand je m'en rends compte, parfois je flippe. Ca me fera du bien de me confier. Dis simplement "Mmm, oui. Continue". Je m'allonge sur le divan.

TOC numéro 1 : le trio de runners mâles.

Je croise un trio de runners mâles en t-shirt floqué compet' X ou Y qui courent à belle allure. En général, tu vois, les cadres dynamiques qui font leur lunch-run au bois et rivalisent entre eux, genre camaraderie masculine, genre entraînement émulatoire stimulatoire, entraide dans l'effort, partage de sueur, de chiffres et de vannes.

Instantanément, j'ajoute un à deux kilomètre-heure à mon allure en arborant un air détaché et en faisant bien attention à respirer le moins fort possible. Je veux être crédible en tant que fille qui court par rapport aux mecs qui courent. Je veux à tout prix ne pas me faire amalgamer à la coureuse du dimanche qui court de juin à juillet pour perdre 2000 grammes avant la plage. Ou pire : à la fille-qui-court-avec-les-genoux-en-dedans-qui-s'entrechoquent. Tu la connais celle-là ? C'est plus fort que moi. Image et orgueil bonjour. Travail sur soi bonjour. Une fois que je les ai croisés, je ralentis et je ramasse mes poumons à la petite cuillère. Je suis la plus grande imposture que la course à pied ait jamais rencontrée. Peut être que je suis une grosse connasse aussi en fait.

TOC numéro 2 : la nana pas bonne.

Je croise une nana qui court moins vite que moi et qui visiblement n'est pas une "bonne". Là, je fais en sorte de ne pas avoir l'air trop bonne pour ne pas la blesser / vexer / heurter. Allo Freud, bonjour la contradiction avec le TOC précédent. Je rigolais pas en parlant de circonvolutions tout à l'heure. En général donc j'essaie de prendre un air bienveillant et de lui sourire pour pas qu'elle se sente mal de me voir aussi douée (rrrrho putain) (ouais mais vous m'aviez dit que je pouvais tout vous dire aussi)

TOC numéro 3 :  la menace de derrière.

Je cours tranquille sur une route bitumée, et soudain j'entends un souffle se rapprocher peu à peu derrière moi, ou une foulée...Imperceptiblement, je sonde l'allure de la personne et je vois si ya moyen. Et même si ya pas moyen, comprendre le mec se balade à 15 kmh facile, j'accélère comme une teubé. Je résiste au dépassement. Le plus que je peux. Bon, sauf si je suis en phase terminale. Là je ravale mon orgueil et j'accélère pas. Quoi que.

TOC numéro 4 : pas la corde.

Je ne prends JAMAIS un rond-point à la corde. Un virage, pareil. Hors de question. Imagine si le GPS compte la version large alors que j'ai pris serré et du coup surestime mon allure et ma distance ? Et qu'après je crois que je suis bonne alors que pas du tout ? Drame égotique assuré. Donc si j'ai le choix, je prends toujours le chemin le plus long.

TOC numéro 5 : rajoute une louche.

J'arrondis toujours grosso modo aux 30 secondes supérieures mes chronos d'entraînement. Genre si la montre me dit "20km, 1h52'40", je note : 20km, 1h53. Imagine si le GPS s'était trompé et m'avait surévaluée, hein ? Trop risqué.

TOC numéro 6 : on sait jamais.

Si j'ai dû piétiner à un feu rouge, je fais une ou deux minutes de course en plus à la fin. Histoire d'être sûre. (what the fuck?)

TOC numéro 7 : la ligne bleue.

Je me sens mal si je ne suis pas la ligne bleue dans les courses officielles. Bon, je vais pas faire d'arrêt cardiaque, (et non ça ne me dérange pas de marcher sur la ligne des carrés d'un dallage) mais j'aime autant la serrer de près quoi. Imagine, je fais un RP mais en fait je réalise que j'ai pris des chemins plus courts ? Effondrement narcissique garanti.

TOC numéro 8 : le chiffre rond.

Je cours quasi-exclusivement des chiffres ronds. 10, 15, 20. Si je cours 19km et que je m'arrête là, je suis capable de prendre ma séance pour un échec.

TOC numéro 9 : routine et autogruge

Je fais tout le temps la même boucle d'à peu près 10km, passant au mètre près par les mêmes endroits. L'avantage : l'auto-gruge : au bout d'un moment, tu perds la notion du temps, tu crois que t'es à ton 1er passage route de la demi-lune, donc t'en refais un pour être sûre, en fait t'étais déjà au 2e. Gruge du mental. J'ai un mental qui peut super vite se lasser et s'effondrer, mais que j'ai appris à bien bien gruger avec le temps.

Avenant numéro 1 à routine et autogruge : la crise d'amnésie volontaire.

Si je croise des potes runners sur mon trajet au kilomètre 4, que je cours quelques bornes avec eux puis ensuite que je les quitte, je fais une crise volontaire d'amnésie. Je reprends ma course comme si je les avais jamais rencontrés. Au kilomètre 4. Et je me dis, allez, plus que 6 et tu seras à 10. (Des années de pratique, l'auto-gruge. Ca s'acquiert pas comme ça pouf, faut pas croire. Gros gros travail).

TOC numéro 10 : noeuds et performance

Si ma veste est mal nouée sur ma taille, je vais foirer ma course.

TOC numéro 11 : le bout de bois par terre qui ressemble à un bébé mort.

Celui-là, je le vois souvent en ce moment. Je sais pas, c'est depuis qu'ils ont retrouvé un couple de Chinois découpés dans le bois, j'arrête pas de me dire que ça pourrait tomber sur moi, la prochaine découverte (oui, faudrait que j'arrête de regarder Faites entrer l'accusé, aussi).

TOC numéro 12 : le corbeau maléfique.

Le truc qui fait un bruit chelou dans les feuilles et que tu prends pour un pervers sexuel en embuscade. Qui te fout au bord de la crise cardiaque avant de s'envoler comme un con. Fier de son petit effet. Limite narquois.

TOC numéro 13 : le micro orgasme

J'ai un micro-orgasme à chaque fois que je dépasse un mec qui court. Sérieux hein. Un gros boost d'hormones en -ine. Je me sens plus, je suis électrisée.

 

Voilà.

J'ai un problème, tu crois ?

 

2topique

 

 

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Commentaires
4
Mmm. Oui. Continue. <br /> <br /> Ah ouais, qd même ... <br /> <br /> A part les trucs de nana que je ne peux pas comprendre (veste nouée à la taille ? Sérieux... Micro orgasme, bof, pas pratique la micro erection pour courir. Besoin de montrer aux hommes qu'on en a aussi, Mmm j'appelle Freud) ; ça me paraît assez standard comme pathologies psy du runner : à la fois compétitif et honteux de l'être ; toujours peur de ne pas s' entraîner assez; fier de ce qu'on vaut au X km mais conscient de ne pas avoir un gros niveau. Bref, un sport de névrosés qui entretient les névroses ;-)<br /> <br /> Mais que c'est bon ...<br /> <br /> It's a mental game and we all are insane ;-)<br /> <br /> <br /> <br /> Allez, continue ...
M
hahahahaha, oh que c'est vrai ce que tu racontes, j'arrive pas à expliquer ça aux gens qui trouvent la course monotone, parfois j'ai envie de répondre : "merde c'est votre cerveau qui est monotone, si tu ne vois rien de ce qui se passe autour de toi, si tu préfères écouter ta musique à fond, c'est normal après de s'ennuyer" :D
G
Le 1 le 3, le 9 (ouai parfois je me dis que je suis grave à m'autogruger!), le 11 (enfin moi c'est le bout de bois en forme de serpent et comme j'ai la phobie du serpent il me fait flipper ce bout de bois qui est partout), le 12 et le 13 sont pour moi!!!!!<br /> <br /> Donc je pense que c'est pas si grave. Parce que des tocs j'en ai d'autres!!!!<br /> <br /> Je pourrais dire que j'essaye de me soigner mais se serait un mensonge!!!!
C
J'imagine tes séances de récup : s'allonger sur le canapé tout en s'imaginant entrain de courir...<br /> <br /> Avec une psychologie pareille, t'es bonne pour rentrer dans l'asile des coureurs à pied : l'ultra...<br /> <br /> En tout cas, même si ce n'est pas sur que tu aies besoin d'être rassurée, tu n'es pas seule. Alors c'est mieux de savoir ça, non ?
C
cool, je me sens moins seule dans mon délire, le 10, le 11, le 13, voilà pour moi à quelque chose près ;o))
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