Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Phantasma Kai Aletheia
18 juin 2014

Retour aux affaires. Les 10km de l'Equipe

Pourquoi cette course ?

Je ne suis pas une grande adepte des courses industrielles, mais celle-là avait de solides arguments pour me convaincre.

* C'est un 10km

Revenant d'une petite blessure avec un mois d'arrêt à la clé, j'ai consacré avril et mai à de l'endurance longue, enchaînant plusieurs 20km par semaine, favorisant la lenteur et longueur afin de me refaire une santé (et une ligne, accessoirement). L'objectif étant quasi atteint, je décide il y a quelques semaines de poser cet objectif court, afin de me remettre à faire des 10 avant le d-day et rebosser la vitesse. Oui, chez moi, une course officielle ça sert surtout à modifier mon entraînement régulier; finalement, c'est moins un but qu'un moyen. Je sais, je fais tout à l'envers. C'est comme ça. Je fais pas exprès. D'ailleurs c'est drôle, parce qu'en discutant avec la plupart des runners je me sens en décalage : ils préparent tel ou tel objectif, parlent de plan épuisant, contraignant ou stimulant, de préparation, etc. Une fois l'objectif atteint, ils coupent ou diminuent drastiquement, puis reprennent un autre plan pour une autre course, et ainsi de suite.

Je ne fonctionne pas du tout ainsi. Mon but n'est pas d'atteindre tel ou tel résultat le 38 juillet 2015 et je n'ai pas la moindre idée de quand j'abaisserai mes RP et sur quelles distances. Ma course à pied, c'est mon hygiène de vie. C'est complètement intégré dans mon quotidien. Et je ne parle pas que d'endurance fondamentale ; les défis aussi. Je cours tout le temps. Je veux dire, autant chaque semaine de chaque mois. Mon but à moi, c'est pas la course de Trifouillis-les-oies, mais de courir toute ma vie de manière équilibrée jusqu'à ce que je ne puisse plus, quoi. Mon but à moi, c'est que mes semaines soient chouettes, kiffantes, équilibrées, joyeuses.

J'essaie de varier un peu les allures, mais assez peu finalement (y a quelque chose à faire, c'est prévu pour la rentrée), mais je garde ce volume moyen de 50, 60, 70km par semaine dans la forêt, puisque c'est celui qui me convient le mieux. Je ne prépare rien de précis, mais en même temps avec l'entraînement plutôt complet (du moins, équilibré) que je fais, je suis quasi prête pour tout (enfin, quand je dis tout : du 10k, du semi, du marathon). Et c'est ça qui me plaît : pas de stress, pas de prévisions à l'avance ; je peux décider de faire un semi dans deux semaines ou un marathon ou un 10, il suffit que j'ajoute un petit twist de "vitesse" ou de "longueur" à ma base habituelle.

Bref : ce celèbre 10km parisien allait me servir à me dé-diéséliser et injecter ce petit twist de vitesse dans mon entraînement.

* 20 000 runners à coudoyer-jamboyer

C'est pas humain, on est d'accord. Mais bon. Une course-bétaillère tous les 6 mois c'est bien, c'est juste ce qu'il faut d'émulation collective pour rebooster ma reprise. Et sont prévus quelques twitteurs que je connais. De vieilles ou récentes connaissances risquent aussi de fouler le bitume ce jour-là. Ah oui aussi : ces temps-ci, sournoisement, insidieusement, des runneuses de ma TL relatives néophytes commencent à sortir des sub 50 un peu trop souvent à mon goût. J'ai un rang à défendre, merde. Voilà. Et qui sait, l'homme de ma vie sera peut-être dans mon sas ce jour-là?

* Paris centre  

Ouais. Ca pèse dans ma balance, ça. Non parce que les courses à Boulogne et assimilé, c'est bien mignon, mais mettre une heure à traverser tout Paris pour atteindre la ligne de départ donc se lever à 6 ou 7h un dimanche matin, autant oublier toute velléité de performance et rester à la maison. Marmotte je suis, marmotte je reste. D'ailleurs je milite pour l'orientalisation radicale de la typographie des courses parisiennes (ORTCP). 

* Des preuves à faire

Ma dernière course officielle remonte à février -semi de Paris-  et a été à l'origine d'un mois d'arrêt pour une contracture contractée au km 19. Depuis deux mois, je cours sans aucun problème, mais j'ai la superstition tenace, et hésite à me relancer en "course officielle". Mais ces temps-ci, avec deux fois un 49'40 à l'entraînement et surtout sans douleur, je me dis que c'est l'heure...Rassurant, le 49'40 ? Normalement oui. Mais bon : j'ai failli clamser, et je constate au détour d'un commentaire de twitteur-runner que le parcours du 10km de l'Equipe n'est pas des plus roulant. Je décide donc de viser un sub 49', pour sauver l'honneur, et d'oublier le RP.

La course

Je me plante dans mon sas à l'heure, pour une fois. Enfin je crois - comme à chaque course officielle, j'ai commis un acte manqué avec ma montre géonaute. Carrément laissée à l'appart, cette fois. Y a un truc chelou avec cette montre sans déconner. Je ne fais aucun footing sans elle. Même des randos parfois. Je ne l'ai jamais oubliée à l'entraînement. Et en course officielle, à tous les coups y a une merdouille. Soit je l'oublie, soit j'oublie de l'allumer. C'est très con, hein. Depuis un an, j'ai dû faire 80% de mes courses officielles en aveugle. Bon. D'un autre côté, ça a plutôt tendance à me stimuler : tu sais pas si t'es dans les temps, donc pour être sûre, tu magnes tes fesses. C'est comme à l'école. Tu sais pas si ta dissert vaut 15, donc tu la fais encore mieux de chez encore mieux, comme ça pour être sûre. Et pi après t'as 19 et t'es toute contente après avoir flippé ta race (vis ma vie de major de promo).(vis ma vie de nana modeste aussi).(vis ma vie de névrosée) (vis ma...non, garde la tienne je t'assure, c'est mieux)

Et puis, toute façon, je ne suis jamais de plan kilomètre par kilomètre quand je cours. Genre devoir faire 4 truc ou 5 machin à chaque kilomètre. Sérieux, si je cours comme ça moi, je cours avec ma tête. Et je cours vachement moins vite.

Bref.

Le sas

Je trépigne un peu dans mon sas 45, étant donné que je suis arrivée assez tôt. Je regarde un peu partout, voir si je reconnais une trombine. Y a quasiment que des mecs autour de moi. Je suis vaguement galvanisée, vaguement flippée. Je pense que je vaux 48 aujourd'hui, mais j'ai quand même gardé 45. Ne serait-ce que pour le trajet en métro pré-course. Le fameux. Quand tu arbores ton dossard de manière suffisamment ostensible pour que alias le Trio De Runners Mâles (cf post précédent) comprenne bien que t'es pas venue pour te la jouer sportive du dimanche, mais que t'as des arguments en dehors de ton rouge à lèvres. (oui, je mets du rouge à lèvres pour les courses officielles). (c'est de la faute à photorunning). Donc je bombe le torse en fait, comme un mec, un coq, un paon, histoire que le 45 apparaisse bien nettement aux yeux de la foule ébahie.

Evidemment, je me suis pas échauffée. Le jour où je ferai ce qu'il faut (n'est pas encore arrivé). Je sautille vite fait, les G.O nous exhortent à la bonne humeur et nous invitent à réaliser quelques mouvements préparatoires (gros lol). Je discute un peu avec mon voisin et surtout, je vois que la meneuse d'allure est juste devant moi. Bien ça. Je la reconnais instantanément : Murielle Brionne, de la mine à champions FreeRun72, au palmarès de dingue, une championne de la longue distance mais qui met sa race aussi sur 10 aussi évidemment, tant qu'à faire.

Départ

Départ, premiers kilomètres. Tenter de suivre la flamme bleue de Murielle. Mais pas se cramer. 

A combien je suis ? Aucune idée. J'ai mal derrière les genoux. Pass'que oui vendredi j'ai eu l'excellente idée d'aller chercher mon dossard à pied via la Coulée Verte, avec des chaussures d'été fines et plates, j'ai marché une bonne heure avec ces saloperies et ça m'a flingué les pattes.

Les jambes sont dans un jour moyen. Va falloir tenir, donc. Et être vigilante. Objectif number one : pas de blessure. La moindre alerte, stop direct.

Kilomètre 4 : première côte, après Bastille, l'avenue Daumesnil. Ouais. ça commence. Je passe le kilomètre 5 en 22' et des poussières, mais ça je ne le saurai qu'après. Un peu rapide sûrement. (vu la minute 50 de positive split que je vais perdre sur la 2e moitié).

Kilomètre 6 : putain, encore une côte. Y a que des côtes sur ce 10km, sans déconner. J'entends "Allez Isaaaa"! Un regard à droite, Giao le blessé le plus héroique et positif que je connaisse est posté là, comme prévu, et mitraille les potes avec son appareil photo. Moi qui étais en phase de ralentissement et en préphase de découragement total option effondrement psychique au pied de la côte, j'ai un petit boum au coeur, je souris et me ressaisis un peu.

Fin bon elle est longue, cette côte. On m'avait dit qu'elle était au km 8, what the fuck ?

Kilomètre 8 : ben la voilà, la saleté. Père Lachaise à droite. Bon. Je me fais un peu doubler, mais je réalise que finalement, les jambes ont avancé toutes seules jusque là. Malgré ma haine des côtes, je suis toujours debout, et je sens instinctivement que je ne me suis pas effondrée à 10 kmh, ni même à 11. Je sens bien que c'est laborieux et que j'ai ralenti, mais je dois être autour de 12 à vue de nez, quelque chose comme ça. L'orgueil fait tourner les gambettes, un peu, mais elles tournent aussi et surtout d'elles-mêmes. Je décide de laisser faire mon corps. A un moment, j'ai carrément une sorte de sensation de dissociation. Je suis Isabelle, je suis dans ma tête et mes émotions, et je suis en train de remarquer que j'habite un corps qui est en train de courir, et pas si mal en fin de compte. J'ai un vrai étonnement, c'est vraiment comme si c'était pas moi qui courais mais le corps que j'habite qui fait sa vie. Je me dis ok, laissons-le faire, c'est rigolo. 

Kilomètre 9 : sommet de la côte. Je constate qu'une longue descente se profile avec, à son terme, l'arrivée. Je laisse faire la gravité, je laisse rouler. Je suis une rouleuse. J'adore les descentes. J'adore les descentes ! Je suis le Miguel Indurain de la course à pied : un peu carrée, un peu lourde, pas bouquetin pour un sou, mais quand ça roule, ça roule. Bon, je suis quand même HS. Je réalise que, contrairement à la corrida d'Issy les Moulineaux où j'ai réalisé mon RP de 45'29 en décembre 2013, je ne pourrai vraisemblablement pas accélérer, ni même sprinter à la fin. Je me contente de hausser un peu l'allure de manière régulière.

Je passe la ligne en slalomant entre les photographes et les sprinteurs. Aucune idée de mon chrono. Je demande à un type à côté de moi, qui me parle de 45-46. Je devrai me contenter de l'approximation pour quelques heures....ayant un stage tout le reste de l'après-midi.

En plein milieu du stage, un sms de Nixul dépêché commissaire aux résultats pour l'occasion me fait frissonner de joie : 45'42.

Bilan

Un peu comme d'hab :

1/ Courir au feeling, je ne sais faire que ça et mes actes manqués se chargent de me le confirmer. Et ça me plaît !

2/ Je veux faire un podium un jour. M'en fous s'il faut que je trouve une micro course un 1er janvier dans un village de Lozère en vétérane 3.

3/ Cocotte, quand est-ce que tu commences le fractionné ? Ouais, je sais, c'est un running gag, cette question. Je crois que je l'ai formulée une bonne vingtaine de fois en deux ans. Un jour...

2-10KEQUIPE-2014-RCL7459

 

 

 

 

Publicité
Publicité
Commentaires
E
J'ai fait mon 1er fractionné mercredi, 9 X 400 et ma contracture s'est réveillée donc non, juste, non :) Fractionné is not for me. Ou alors du long (1000m, 2000m)
N
Ouais bah je t'emmène de force a Pershing la prochaine fois et tu tape le sub 43' ;)
F
super ton CR j'aime ta conception de la Cap<br /> <br /> http://runfreerunner.wordpress.com
E
Hello Isabelle, merci pour ce CR très agréable à lire. Le feeling, c'est beau. Tu l'illustres très bien. Vive le feeling. Un jour tu commenceras le fractionné, quand le feeling l'aura décidé.
G
Yeah!!!! Pas mal!!!!!<br /> <br /> Je ne m'échauffe jamais avant une course (bouh c'est pas bien!!!!) et ça roule pour l'instant tout seul!!! Même si je pense qu'un jour ca va bugger et que je devrais faire des vrais trucs de coureur!!!!!<br /> <br /> J'adore la dégaine du mec avec le tee shirt du PSG derrière toi!
Publicité