hypoténuse - algèbre - géométrie -mathématiques

Ce mouvement spontané que je venais de faire n’était probablement pas celui qu’elle avait prévu. Pendant une fraction de seconde, je l’avais déstabilisée. Je voyais son âme brouillée se débattre, divaguer sous ses oripeaux. Ténue sensation où le corps s’essaie, balbutie, suspendu tout entier dans l’instant. Seconde si courte que j’eus de la peine à croire que je l’avais vécue. Balayée aussitôt par l’esprit et le mot, leur glaçante distance s’emparant de sa bouche dans une mécanique logorrhée. Elle parlait de tout et de rien, meublant avec frénésie, chevauchant ses propres idées à peine les avait-elle enfourchées, revenant en arrière, invitant les réflexions les plus intruses, ne filtrant rien qui fût anodin. 

Je l’avais perdue. Retrouver ce geste, ce mouvement qui avait provoqué ceci – retrouver ce moment de grâce, la libérer, la rouvrir en somme. 
Je pris le parti de rester silencieux, ne réagissant pas à son déluge de mots, restant moi-même glacial. Je bredouillai un truc incompréhensible par un autre que moi. Son flux se tarit, puis cessa net. Elle fixa sur moi ses yeux jais. Homme, Maîtrise-toi, c’est l’étape cruciale. Mate et mate, iconoclaste, sa révolte annoncée.

-Oui ? Fis-je, comme émergeant d’un rêve.

-Pourquoi ne dis-tu rien ?

-Je songeais à ce que j’ai vu.

-Et qu’as-tu vu ?

-J’ai vu la mer découvrir son estran.