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Phantasma Kai Aletheia
10 octobre 2013

Forrest around the wood

J'avoue, le jeu de mots est piteux, je vais même l'expliquer comme ça ce sera pire : Forrest (Gump)...around the world....fait référence au trip hippie de Tom Hanks cheveux longs, quand il courait sans s'arrêter autour du monde. Appliqué à moi, avec un jeu de mots sylvestre d'une grande finesse, ça donne, Forrest around the wood, the wood de Vincennes, vous l'aurez reconnu. (Je prendrai des cours d'humour plus tard.)

Lundi après-midi, après un 10km où j'ai testé ma vitesse et effectué un nouveau RP (en 50'25"04), j'ai décidé d'aller vagabonder dans des coins que je connais moins bien, tout en restant en bordure du bois de Vincennes. J'ai pris mon allure footing de récup', et je suis partie pour 6 petits kilomètres, en prévoyant de regarder le paysage.

C'est l'avantage de ma stratégie de cap préférée : tu commences par du hard, pendant lequel tu penses principalement à ne pas buter sur une racine, à respirer à peu près en ordre, à ne pas te désunir, cracher éventuellement tes poumons, finir à l'arrache et regarder ton chrono avec, simultanément, la satisfaction du guerrier et le ras-le-bol du nounours en toi qui lui, jure qu'il ne fera plus jamais de distances courtes. Et puis tu termines par de la détente, du plaisir, de la course contemplative, en fait. Tu as déjà rempli ton contrat, puisque tu as morflé. Maintenant, tu as mérité de courir doucement, de regarder ce qu'il y a, de te planter d'itinéraire, de ne pas savoir à l'avance où tu vas, de prendre les virages n'importe comment, d'éviter les chiens dans les grandes largeurs, de prendre un air détendu quand tu croises des gens impressionnés par ton style, afin qu'ils te classent dans la catégorie easy, trop-la-classe runneur. Ta vie ne dépendant plus de la fraction de seconde que tu vas gagner ou perdre en escaladant une marche de trottoir ou une racine, tu peux enfin te consacrer à l'autre motivation essentielle qui t'anime : regarder la nature alentour.

J'étais ainsi en plein trip contemplatif, shootée aux odeurs d'aiguilles de pins et de feuilles humides, lorsque je me retrouvai tout à coup (notez l'utilisation idoine du passé simple) face à une entrée de cimetière. En plein milieu des bois et au détour d'un sentier. Dans une zone où j'avais déjà couru. Bref : le coup classique du lieu magique qui surgit de nulle part dans un film de Tim Burton et qui, la seconde fois où tu y vas, n'existe plus. Une entrée de cimetière étrange, portant la mention "Cimetière Ancien". Bon, c'était ouvert, c'était en plein après-midi, je me suis dit que j'allais trottiner entre les tombes, gentiment, pour le découvrir un peu. Bien que pas gothique pour un sou, je suis plutôt attirée par les cimetières, qui exercent sur moi une certaine fascination. Mon frère, que j'ai entraîné quand on avait 5, 6 ans dans un cimetière le soir pour lui montrer des tombes de centenaires, parce que je trouvais ça dingue, pourrait en témoigner. Nous avions d'ailleurs à l'époque été enfermés dedans (ouh, la mauvaise soeur...) mais pas longtemps, hein, on avait réussi à trouver le gardien, qui venait juste de fermer les grilles avec nous dedans. Il nous avait engueulés comme si on avait déterré une sépulture. Mais revenons en 2013. Ma délicieuse paire de jambes et moi foulons les premiers gravillons du cimetière, lorsque subitement j'entends un "Mademoiselle !" péremptoire me rappeler à l'ordre. Le gros gardien joufflu, jouant avec son smartphone, me somme de quitter les lieux.

(lui, autoritaire): "Que faites-vous?"

(moi, bête): "Ben, je découvre, je trouve l'endroit joli"

(lui, sûr de lui):"C'est interdit de courir dans un cimetière"

(moi, vexée) : "Ah bon? Je ne pensais pas que c'était irrespectueux, je voulais découvrir ce bel endroit" (En vrai, je n'ai pas dit textuellement 'découvrir ce bel endroit', mais il vaut mieux que je formule mes onomatopées en langage intelligible pour la bonne conduite du récit)

Et de repartir séance tenante, bien vexée quand même, avec des images de bras d'honneur dans la tête. Comme la gamine engueulée avec son frangin un soir de 1985 au cimetière de Lesneven. Pareil. Sentiment de culpabilité, honte, révolte sourde grondant dans mon ventre...Putain mais je sais pas me défendre...Je repars donc trottiner ailleurs. Et là, comme d'habitude, les répliques-qu'il-fallait-sortir-au-bon-moment-pour-faire mouche- m'inondent la tête les unes après les autres :

Ah ! Parce qu'envoyer des textos dans un cimetière c'est du respect ça peut-être! (méchamment)

Est-ce que j'ai une tête à aller déterrer des morts? (avec une ironie bien sentie)

Alors parce que j'ai un t shirt kalenji rose fluo, je n'ai pas l'âme spirituelle? (provocatrice)

Je peux voir le règlement s'il vous plaît? (insolente)

Vous avez peur que je les réveille? (la touche d'humour)


A ce moment-là, je pense, je ressemble à un zombie vénère, la bave au bord des lèvres, plus qu'à une grande fille saine*.

*c'est ce que je dégage, paraît-il

Bref, honteux, non? Interdire l'accès d'un cimetière à une amoureuse des vieilles pierres et des ambiances romantiques, qui a fait sa communion solennelle (et même des pélés à Lourdes et même les JMJ, avant de virer bouddhiste), sous prétexte qu'elle a des pompes fluo et 3 km heure en trop?

Mon ego se demande, du coup, s'il y a d'autres endroits où on n'a pas le droit de courir? Quelqu'un a des infos ?

Et sinon, vous préférez quelle réplique? Au cas où l'envie me vienne d'aller dire à l'indélicat de quel bois je me chauffe? Je prendrai également toutes vos suggestions. (Evitez quand même : je serai muette comme une tombe, je resterai de marbre, etc)

             

forrest_gump Je courais toujours pour aller partout, mais ne je pensais pas pour autant que ça allait me mener quelque part.'           

That day, for no particular reason, I decided to go for a little run. So I ran to the end of the road. And when I got there, I thought maybe I'd run to the end of town. And when I got there, I thought maybe I'd just run across Greenbow County. And I figured, since I run this far, maybe I'd just run across the great state of Alabama. And that's what I did. I ran clear across Alabama. For no particular reason I just kept on going. I ran clear to the ocean. And when I got there, I figured, since I'd gone this far, I might as well turn around, just keep on going. When I got to another ocean, I figured, since I'd gone this far, I might as well just turn back, keep right on going. When I got tired, I slept. When I got hungry, I ate. When I had to go, you know, I went.

 

And so, you just ran?

 

Yeah.

       

 thtrois

 

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Commentaires
E
Mais oui tiens, du fractionné autour des pierres tombales...^^ Bon mais je déconnais hein, je vais quand même pas le traduire en justice...^^<br /> <br /> Je pense comme toi qu'il a jugé ça déplacé de façon spontanée et j'aurais peut-être fait pareil, en fait....;)
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