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Phantasma Kai Aletheia
11 octobre 2013

Autoportrait de la runneuse en planque

Je crois avoir découvert le secret de ma personnalité. Et je vais vous le livrer. Je suis comme ça, moi, je partage.

Cette personnalité se distingue par une somme tout à fait impressionnante de contradictions et de non-sens avérés, également en contradiction avec eux-mêmes, lui permettant, selon le besoin du moment, de se situer du côté des gens sérieux, intègres et sains, ou du côté des gens sexy, nonchalants et glamours. J'en retire une certaine fierté, je vais pas vous mentir. Une grosse même. Mais c'est naturel, je ne fais pas exprès. Ce n'est pas une attitude que je cultive, mais j'aime en récolter les fruits.*

*En terme de satisfaction narcissique -what else.

Je pourrais vous parler du paradoxe littéraire Proust-Biba, mais j'ai choisi la course à pied pour l'illustrer.

Par exemple, l'envie de courir un premier marathon me trotte dans la tête depuis un ou deux mois. Dans un cas pareil, les gens normaux se mettent en quête d'un plan en X semaines dans Jogging International ou ailleurs, et s'y attèlent de manière plus ou moins rigoureuse. Pour moi, ça n'a pas grand intérêt. C'est trop cartésien, trop "mental", trop évident, trop vu et trop fait. Non. L'idée qui me fait kiffer, c'est de te sortir un premier marathon de derrière les fagots. Sur un coup de tête. Ex nihilo. Bon, forcément c'est pas complètement insensé, dans la mesure où je connais bien mon corps, ses limites et ses capacités. Mais voilà. J'ai l'impression qu'il n'y a que comme ça que ça fonctionne pour moi, et que j'aime ça : faire mon truc en solo, en non licencié, en mode l'air de rien, improvisation, feeling, et battre (bah oui sinon c'est pas marrant) des gens qui ont suivi des plans comme des petits soldats. Moi si je suis un soldat, je suis un soldat de l'ombre. J'oeuvre la nuit, en secret. Personne ne m'attend au tournant. Aucune fille ne se doute que, sous mes airs débonnaires, débutants et pulpeux, se cache une guerrière impitoyable de la course à pied. Capable du meilleur comme du pire. La  fille tapie dans l'ombre qui attend seule son heure pour éblouir le monde.

A Vincennes, je cours seule, et je ne porte pas de t-shirt floqué aux couleurs de mes courses. Je bois l'eau des fontaines et n'ai jamais goûté au moindre gel.

La légende est en marche.

(didascalie : Musique de Game of Thrones)

J'ai une phobie des plans et une grosse capacité à stresser quand je me sens enfermée, aussi, ça doit jouer. Je sais que si je rentre dans une "préparation" au sens orthodoxe du terme, avec des plans d'entraînement notés, des chiffres et tout le tralala, je vais au pire, avoir une réaction épidermique de rejet et au mieux, y laisser toute mon énergie nerveuse, me retrouvant vide et sans passion à la fin de la prépa. Mon envie se serait dissolue et épuisée dans trop d'anticipations, d'analyses, de réflexion, de données techniques. Ce qui aboutirait à une course catastrophique et peut-être à un dégoût. C'est aussi pour ça que je n'aime pas annoncer ce que je vais faire. ça gâche tout. Je vais donc sortir mon premier marathon de la poche de mon jean. Je ne vous dis pas où ni quand. Mais la prépa sera totalement indécente. Maison, et surtout pas orthodoxe. Si je peux, je ferai ça sans fractionné. L'absence de ce dernier étant la pièce maîtresse de tout l'édifice (même si je vais devoir m'y coller un jour quand même, si je veux passer sous les 50' aux 10km). A la limite, je pourrai lire des conseils et prendre un plaisir tout particulier à ne pas les suivre.

C'est un peu comme en lettres sup' quand je trouvais le dernier point de ma dissert à 5 heures du matin pour la rendre à 8h30. Ou quand j'ai été admissible à l'agreg en ayant à moitié bossé.  La fraîcheur, l'impulsion du moment. Voilà, c'est ça. Je ne réussis mes coups de maître que sur le mode de la fulgurance.

Par exemple, sortir un 30 km comme ça, un jour, alors qu'on part pour en faire 15 et qu'on sent monter l'envie, le désir fou et irrépressible de faire ce petit truc en loucedé, dans son coin, l'air de rien, alors que truc et machin te l'ont déconseillé parce que "ça ne se fait pas c'est trop long pour une sortie d'entraînement", ça n'a pas de prix. Ca a la saveur indécente de l'interdit, ou du moins de la désobéissance.

Et jte dis pas comment après tu peux te la péter en rentrant.

 

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Commentaires
D
C'est dans l'urgence qu'on réussit les meilleurs coups.<br /> <br /> Je partage avec toi tout ce qui tue le plaisir. Je comprends les gens qui suivent les prépas à la lettre mais disons que je me méfie de moi. J'avais raté ce billet mais on peut effectivement bien s'entendre.
E
ben il paraît oui. Mais maintenant que je sais que j'ai du potentiel, j'ai envie de travailler ;)
P
" (même si je vais devoir m'y coller un jour quand même, si je veux passer sous les 50' aux 10km)"<br /> <br /> <br /> <br /> Ahahah. Mon cul ! Tu penses vraiment que tu en as besoin aujourd'hui très chère Isabelle ? T'y es déjà en fait. Feignante :)
E
Aha c'est clair (pour balancer le CR sorti de nulle part), je fais pareil. Sauf que depuis quelques jours je suis coincée, le blog me fait dire des trucs...et du coup là je flippe à mort pour dimanche (les 20km de P.)^^
N
Ah ah! Je me retrouve dans ce que tu écris, et même dans la musique de Game of Thrones. :D <br /> <br /> J'annonce rarement à l'avance les courses que je vais faire. Mais parce que je stresse un max et que je stresse surtout si on m'en parle (même pour m'encourager) du coup je dis rien et je balance un compte rendu de course sortie de nulle part. Mais je travaille sur moi pour être moins flippette en la matière.<br /> <br /> <br /> <br /> (ouais, je te rejoins aussi sur le passage des 50' au 10km... )
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