Courir sur des œufs. Part I.
Ce matin, j'ai vu le soleil et senti l'air chaud en aérant ma chambre.
Je fais un tour rapide sur météofrance, qui m'explique gentiment que c'est une fenêtre, comme on dit, qui va ensuite se refermer. Une saillie du printemps, un avant-poste, une préfiguration. Tu vas te peler le reste de la semaine et next week, il me dit. 2 degrés le matin. Ah ouais, quand même.
Le contexte : je marchouille vite fait depuis deux semaines, et ces derniers jours, je sens que la contracture tire moins, que la douleur, bien que présente, a diminué. Et puis, mardi, il s'est passé un truc crucial. Mes parents se sont garés près de la banque pour que j'aille y déposer un chèque (jusque là, c'est fascinant, on est d'accord). Et pour ne pas les retarder et faire vite, et surtout, en fait, sans y penser, j'ai traversé la route en courant jusqu'au distributeur. 3 mètres 22 au total. Mais en courottant, t'sais, comme quand tu fais l'enfant, quand tu t'amuses. Histoire de. (Je fais souvent l'enfant, oui). Je dépose le chèque, je reviens, me rasseois dans la voiture, et là, la révélation. Les Anges et les Trompettes Divines. Mais...j'ai couru ?! ?
Il faut bien se figurer que depuis trois semaines, je marche comme une mamie percluse de rhumatismes.
Grand sourire. Putain, j'ai couru sans faire exprès, sans réfléchir aux conséquences, spontanément.
Something is happening.
Ce matin donc, je décide d'aller marcher. Mais avec une légère différence par rapport aux derniers tours : pas en chaussures de civil, non ; en Asics.
See what I mean ?
Je me dis Ok tu t'emballes pas, tu tentes de trottiner sur 50 mètres, et à la moindre douleur, tu stoppes. Jure-le. Je le jure. OK. Prouve ta bonne foi. J'amène un appareil photo, comme ça si je marche une petite heure, je prendrai des photos de bourgeons, ça me changera les idées. Ok. Admettons. Et si tu te fais chier? Je prends ma carte bancaire, comme ça je fais des courses en rentrant. Ok. Accepted.
Je me dirige donc vers le bois, en tenue de running, totalement prête à marcher 40 minutes et courir 1 minute au milieu, voire zéro.
Je commence à trottiner, doucement, tout, doucement.
La douleur ne s'aggrave pas.
Je continue, je reste lente.
Les 20 premières minutes, quelques douleurs par-ci par-là, fessier gauche et fessier droit. Je m'affole pas, je ralentis encore plus. 8.9 kmh de moyenne. Mon corps en a bavé ces 3 dernières semaines, et il a 3.5kg en plus à porter, et puis, il sait ptet plus trop bien ce qu'est courir.
Les petites alertes s'arrêtent.
Je cours 1h dans le soleil et le vent tiède, qui soulève la poussière des chemins crayeux. Merci, je pense.
Pas de futur, pas de passé. Je refuse de me projeter. On verra. Je n'ai pas eu trop mal, je n'ai a priori (on verra dans les jours qui viennent) rien aggravé. Et puis j'ai bossé ma vitamine D. J'ai fait ma photosynthèse quoi.
Seulement le présent.
C'était cool.