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Phantasma Kai Aletheia
23 mars 2014

Man & Woman

Alors, avant de me lancer, je me présente un minimum - ça évitera les erreurs d'interprétation et les jugements hâtifs.

Je considère que tout être humain a une part masculine et une part féminine. Une part yang (énergie sanguine, feu, mouvement, instinct, force, action) et une part yin (émotionnel, eau, matrice, passivité, réceptacle, sensibilité, douceur). Je considère que la plupart des femmes ont une dominante féminine, yin, et que la plupart des hommes ont une dominante masculine, yang. Une dominante, hein : ça ne veut pas dire une exclusivité. Ca se mélange et se répartit à dosage différent d'une personne à l'autre. Donc pas de caricature.

Moi-même, je me sens parfois androgyne (pas de jupe, un côté wild, joueur, gamin des rues, compétition) et parfois ultra fille (très émotive, très portée sur la vie relationnelle, affective, psychologique, très passive, très "timorée", très Princesse au Petit Pois, hypersensible, coquette, précieuse, j'en passe).

Je me sens vraiment un mix des deux - je dirais, 60 yin /50 yang.

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Récemment, on m'a vue comme une sorte de grande gueule et là, comment dire...y a un hiatus entre ça, et the real me. Je suis ultra vulnérable, et quand je dis Princesse au Petit Pois, c'est vraiment le cas, j'ai un odorat / une ouie / une sensibilité au toucher / au goût et à la vue juste pas comparables avec la moyenne des gens (et je ne dis pas ça en pensant que c'est mieux : je le regrette au contraire la plupart du temps, ça fait du quotidien une sorte de réalité augmentée, qui tourne parfois au cauchemar XXL - agoraphobie, crises de paniques, etc).

Où je veux en venir? Je me suis, récemment, retrouvée seule fille au milieu d'une soirée avec deux mecs (deux bons amis de longue date), et il y a eu de grosses incompréhensions, il y a même eu fritage, parce que, pour une fois, je me suis pas rangée aux valeurs masculines. (D'habitude je considère connement qu'un mec est supérieur à une fille < what the fuck?)

Et là, j'ai réalisé un truc.

Depuis environ 10 ans, je lis, observe, pense et considère, que les hommes sont souvent menacés de castration par les femmes. J'ai pris ces derniers temps la défense du point de vue du mec contre celui de la fille. J'ai valorisé la virilité, le côté pragmatique, actif, rationnel. J'ai fréquenté plus de mecs que de filles. J'ai eu tendance à afficher un certain mépris pour les nanas "girly", superficielles, frivoles, portées sur le rose, les beauty boxes et ce genre de trucs. A trouver débiles les féministes à tout crin (bon, je le trouve toujours, mais je suis plus partagée).

Sans voir, dans ma posture peu nuancée, que c'était ma propre féminité que je refoulais ce faisant.

Ces mois-ci, au contraire, une autre réalité me saute à la figure. La façon dont les hommes, et les valeurs qu'ils portent, peuvent aussi castrer, bousiller la dentelle fine et fragile de l'anima, des valeurs féminines. Matthieu Amalric, dans le dernier Marie-Claire (désolée pour la référence!) l'exprime parfaitement, disant qu'on parle souvent des femmes castratrices d'hommes, mais qu'il trouve tout aussi violents les hommes qui altèrent les femmes, les abîment, empêchent "leurs bourgeons d'éclore".*

* (les abîment au sens psychologique, on ne parle pas ici des femmes battues hein).

Je l'ai d'abord constaté au sein de ma famille : les valeurs masculines de rationalité, raison, pragmatisme, ont tendance à être mieux vues que les valeurs féminines de vie émotionnelle, d'expression des sentiments. De manière générale, (et même si ceci a un peu évolué ces dernières années je reconnais, frangins, si vous me lisez),  l'intellect est considéré dans ma famille comme supérieur à l'émotionnel : une réaction intellectuelle, réfléchie, à une situation, est considérée comme "la chose juste, adéquate", tandis qu'une réaction spontanée, émotionnelle, est perçue comme "primaire" au sens de "pas finie, limitée", voire carrément fausse, inappropriée, enfantine.

Je l'ai aussi constaté dans mon (mes) couple(s). Lorsque je ressens quelque chose, personnellement, j'ai besoin de l'exprimer. L' ex-pression d'une émotion négative, comme la tristesse ou l'angoisse par exemple, la soulage énormément, voire la guérit. Notamment lorsqu'elle s'accompagne de larmes. Mais voilà : pour les chantres de l'Intellect, l'émotion, c'est un peu...le Diable quoi. Il faut la stopper, l'avorter avant qu'elle ne soit manifestée, exprimée. Parce que oui, elle peut mettre mal à l'aise, l'émotion des autres : elle nous renvoie aux nôtres. C'est embarrassant. Alors on décide de mettre un tapis dessus, pour l'étouffer; un couvercle sur la casserole.

Lorsque j'ai dit à mon copain que lorsque j'allais mal, un mot gentil, un "tu es jolie", "viens là, ma douce", un simple calin - en fait, l'accompagnement de l'émotion qui me traverse - , étaient LA clé qui dénouait mes angoisses et dégonflait le processus de panique, je me disais que ça allait simplifier nos relations. Sauf que lui, ne "l'entend pas ainsi" : il pense que l'angoisse se dénoue avec une analyse rationnelle, un programme de solutions concrètes. Procédés qui, en plus d'être totalement stériles face à mes angoisses, les empirent, les décuplent. Ce que je cherche, c'est du soutien affectif, émotionnel ou tactile, pas la froideur de l'intellect (et j'ai bien entendu déjà examiné ces solutions par moi-même car oui, j'utilise mon intellect, dingue !). Les angoisses ne sont pas rationnelles. Mais lui, en gros, il préfère nier l'émotionnel pour le résoudre. Bref, beaucoup de gens exposent un plan quinquennal de solutions lorsque quelqu'un va mal. Et ça ne marche pas. Evidemment.

J'ai, enfin, constaté cette sorte de pression des valeurs masculines sur les valeurs féminines avec ces deux amis, lors de cette soirée à 3 que j'ai passée.

Deux mecs, une fille : la conversation a très vite roulé sur l'aérospatiale, l'astrophysique, les fusées, les guerres, la finance, l'aspect pragmatique, cynique, financier des choses. Je m'intéresse à toutes sortes de choses mais là, au bout d'un moment, faut pas pousser mémé dans les orties, je me faisais royalement chier. J'ai tenté de m'intégrer à la conversation, de l'orienter différemment, en vain : j'ai fini par aller préparer le repas dans la cuisine (sic!! - et après on s'étonne....) et aucun des deux n'a remarqué que j'étais exclue du truc et que peut-être, c'était pas très délicat de leur part. Perso, si je suis avec une nana à causer mascara pendant une demi heure et que le mec se fait ostensiblement chier, non seulement j'essaie de l'intégrer, de lui faire prendre part à la conversation, mais je me débrouille pour trouver un sujet qui l'intéresse aussi, quoi...Passons.

Je décide de revenir dans la pièce commune, et je parviens à orienter la conversation vers un sujet plus "humain". Ce qui m'intéresse, moi, c'est les sciences humaines : la psychologie, les caractères, la personnalité, les goûts, la philo, la santé, l'art, la spiritualité, la vie, la mort, les relations entre les gens, les questions de sens. Je questionne un des mecs sur une copine à lui qui a une décision à prendre au sujet de l'avortement. On se met à causer de ça...Les deux mecs sont pro-avortement, clairement. Moi, je suis plus nuancée sur le sujet : je suis plutôt contre, à l'exception des cas de viols ou d'autres cas particuliers. Plutôt contre, mais pas virulente. Ma position c'est qu'une forme de vie est dans ton ventre, call it foetus, bébé ou cellule, c'est toi qui l'as créée et, au 21e siècle, tu sais qu'un spermatozoide et un ovule ça donne ça, tu sais aussi qu'un préservatif et une pillule ça l'évite, bref...quand bien même tu n'y aies pas pensé, c'est là, dans ton ventre : au nom de quel caprice consumériste déciderais-tu que tu "n'en veux pas"? Genre, t'as acheté un pull chez Zara, il te plaît pas, t'en as plus envie, tu vas le rendre au magasin. T'as le droit, c'est permis par la science !

Bref, on débat là-dessus, enfin, on débat...Je réalise que déjà, quand t'es un mec, t'as la voix qui porte. Je ne parviens pas à faire entendre la mienne, les deux m'interrompent sans cesse, et imposent leur point de vue. L'un d'eux va même jusqu'à dire : ma mère a avorté et ça ne lui a rien fait.

Qu'en sait-il? Que sait-il des conséquences sur la vie physique, et psychique d'une femme qui a avorté? Je sais, pour m'être longuement documentée que les séquelles sont lourdes. Mais là on ne parle même plus de la légitimité de l'avortement ou pas : le sujet aurait pu être tout autre, ce n'est pas le sujet en tant que tel qui m'indigne. Là, j'observe juste un mec qui pense savoir la vie intérieure d'une femme (en l'occurrence sa mère) et qui affirme que c'était que dalle, l'avortement. Je tente de lui faire admettre la possibilité, l'éventualité d'une autre hypothèse : non non : il est sûr.

Voilà, dans toute sa splendeur, la dictature d'une valeur masculine : je sais. J'ai raison. Tu as tort. Ah oui, aussi : si rien ne se voit, c'est que tout va bien. Si sa mère n'est pas ostensiblement malade ou blessée ou je ne sais quoi, c'est que tout va bien. Son avortement ne lui a rien fait.

Il me disait même de me taire, à un moment.

Derrière, il a réussi à me dire "que je faisais des histoires pour rien" parce que je revenais sur le fait que je m'étais sentie exclue de la conversation et que ça m'avait blessée.

Pareil, mon ressenti sur l'avortement, c'était forcément de la merde, ça ne valait rien.

Je me suis heurtée à un mur de rigidité.

J'ai pleuré, dans la salle de bain. L'autre ami, lui, beaucoup plus humain et sensible, est venu et s'est excusé d'avoir manqué de tact. Big up pour lui au passage. 

Bref... Ce soir-là, j'ai réalisé que je n'avais pas à me laisser faire par ce genre de personnes, de valeurs. Que je pouvais aussi choisir mes amis, peut-être mieux les choisir. Il y a beaucoup d'hommes fins, plus humains, plus ouverts. J'ai compris aussi que je me soumettais volontairement depuis des années au "point de vue du mec" alors que mon intuition me dictait des trucs parfois à l'opposé. Au sujet du végétarianisme, par exemple, mais surtout au sujet des "ressentis" et des "émotions".

Autrement dit, fini la soumise. Je vais pas aller défiler avec les militantes féministes, hein, non, je pense pas que ce soit productif. Par contre, ne comptez plus sur moi pour me dire "ils ont raison, j'ai tort, je ne suis qu'une femme guidée par ses émotions, une hystérique".

Nota Bene !

Pour finir, je précise :

Que j'ai des tas de connaissances et d'amis mecs qui, eux, sont ouverts, sensibles. Ouverts à la spiritualité, et capables de raisonner autrement qu'en terme de sciences, de big bang, d'athéisme forcené et de rationalisme obtus. Ce post n'a pas pour but d'opposer les mecs et les filles. Plutôt d'éveiller une sorte de vigilance sur le fait que les deux catégories de valeurs sont aussi légitimes l'une que l'autre, et que l'une n'a pas à écraser l'autre.

Que je suis a-politique, et pas catho. Je n'irai jamais m'interposer dans un centre d'avortement. Juste, j'ai des intuitions et des impressions sur le sujet qui je pense, ne peuvent pas être balayées d'un simple "l'avortement est légal" ou "ce n'est pas un bébé à cet âge mais une cellule". Je ne condamne pas celles qui optent pour l'avortement. Chacun fait ce qu'il sent juste pour lui dans le contexte qui lui est donné avec les forces qui lui sont données. Je me méfie de toute analyse et tout jugement péremptoires. Mais j'ai le droit de penser que pour moi, il y a quelque chose de gênant dans le fait de "décider" de supprimer la forme de vie qui est là. Ou en tout cas, que cela ne va pas de soi.

Bon, allez, je retourne dans ma forêt, me faire une manucure et mater Love Actually. Ah non c'est vrai, je n'ai pas d'ongles.

 

 

 

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Commentaires
E
Inutile d'être ironique hein...Elles font des enfants oui, et c'est loin d'être accessoire / sans implications sur la personnalité et la psyché. ;)<br /> <br /> Vernon c'est pas dégueu, je crois, sinon on se croisera sûrement sur une course parisienne un de ces 4?
C
T'as raison, les femmes font des enfants. C'est con, j'ai raté l'essentiel.<br /> <br /> Entre nos deux villes, il y a rouen :) Il y a vernon, et paris.<br /> <br /> On se cale après ma ballade d'ac ?
E
:)<br /> <br /> Voilà ce qu'on va faire : je te laisse tout l'orge et le houblon des champs de France et de Navarre, et je me sers un Graves/Châteauneuf du Pape/St Emilion/St Joseph/Pomerol (et après on dit que je suis difficile...). Si tu veux, on partage les croustilles aux cacahuètes et les Monaco au fromage. 2/3, 1/3, ça te va? Tu cours, je ne voudrais pas impacter sur tes allures.<br /> <br /> Et sinon...oui sur le sujet de l'avortement. En revanche sur le sujet animus/anima...je vois aussi des personnes uniques, bien sûr. Mais je trouve, quand même, qu'on ne peut pas nier certaines différences essentielles entre les sexes (malgré l'espèce d'effacement des différences ambiant, sous le prétexte de l'égalité - ce qui n'a rien à voir. On peut être différents et égaux en droits). On ne peut pas dire que pouvoir accueillir la vie dans un utérus chez l'un, et pouvoir ensemencer (t'as vu j'ai du mal à être crue en parlant des hommes) chez l'autre, n'engendre pas de conséquences sur la psyché. C'est nier la nature animale, chimique, hormonale, des êtres humains. Bien sûr, ensuite, la personnalité vient nuancer tout ça. But still.<br /> <br /> Ya quoi comme ville entre tes contrées et les miennes?; )
C
Passionant.<br /> <br /> T'aimes la bièrre ? C'est cool pour causer. T'es sur paris ? Bon c'est pas si loin. Alors voilà, c'est simple : faut qu'on se cale une bière pour causer de la vie. Si t'aimes pas la bière , c'est pas grave, je boirais la tienne. T'aimes bien les cahuètes ? On s'arrangera.... <br /> <br /> L'avortement. C'est une mort. Parfois une mort consommée, sans réflexion de fond. Parfois un acte de vie, pour protéger la vie de la maman. Dans tous les cas, pas sans conséquence pour la maman ou pour le couple.<br /> <br /> C'est marrant cette réflexion sur la part de l'homme dans la femme et inversement. Perso je ne vois que des individus uniques. Riches de ce qu'ils sont. Sexués, certes, mais uniques.
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