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Phantasma Kai Aletheia
23 novembre 2014

Bon, j'y vais.

Le marathon de La Rochelle a été mon premier marathon, en 2013. J'y ai effectué par le menu détail toutes les erreurs du débutant sur la distance : départ trop rapide, positive split de malade, absence d'alimentation pendant, hydratation insuffisante, long mur dilué à partir de la fin du 1er semi.

Le 3h56 arraché par le mental, seul survivant de ce massacre, fut un petit miracle. ( CR ici. )

Du coup, cette année, j'ai une revanche à prendre. Pas tant sur le plan du chrono, qui pour moi reste honorable même si je l'améliore peu ou prou, que sur le plan des sensations.

Un "mur" dilué sur 21.125 km, c'est long, très long. C'est une facture douleur bien trop chère pour un entraînement qui avait été plutôt sérieux et solide.

Revanche, donc.

Néanmoins, comme chaque année, les paramètres extérieurs à la course à pied ont imprimé leur mouvement lunatique à ma prépa qui se voulait (encore plus) sage et (un peu) moins foutraque. 

*Une rentrée professionnelle éprouvante physiquement et moralement. Des tas d'enjeux vitaux et d'anciens traumatismes qui refont surface.

*Des kilos en plus, pas la cata mais 3 de plus, aujourd'hui, que l'an dernier à la même date.

*Une contracture qui repointe le bout de son nez après un semi de Vincennes que j'ai "trop voulu".

Alors Isa, on a oublié les leçons de l'agreg? Première année, admissible sans effort, au plaisir; 2e année, mille fois plus de travail et de pression, aboutissant à une dissertation laborieuse - perte de fluidité, trop-de-vouloir- craquage et échec à l'arrivée.

Le secret, c'est le ne-pas-faire : il s'agit de laisser faire les choses en ôtant toute pression et en faisant entièrement confiance en son corps, en les choses. C'est ne pas trop vouloir mentalement une chose. Cesser de vouloir à tout prix qu'elle advienne. Faire ce qu'il faut pour qu'elle advienne, mais pas avec un désir intense, anxieux, tendu vers son but.

Running is buddhism, je vous dis.

Qui croit encore que courir c'est juste courir ? Courir est un petit microorganisme symbolique de la Vie. Une métonymie. T'y fais les mêmes erreurs, t'y apprends les mêmes leçons de sagesse. Tout ce que tu vis dans le running est transposable dans la vie.

Le semi de Vincennes si laborieux, si plein de vouloir, de pression, a sonné comme une alarme, et je l'ai écoutée.

J'ai pendant 2 semaines couru...en EF. Juste en EF. Quoi, de l'EF pour préparer un marathon, à S-4 ? Oui. J'ai tout axé sur l'écoute des sensations et sur la recherche de fluidité, de souplesse. Je me revois courir ces jours-là en disant à mon corps "souplesse", "relâchement"; "douceur", "pardon", aussi, de t'avoir un peu brusqué à Vincennes. Ca a fonctionné. J'ai retrouvé du plaisir. Mon corps m'a remercié, la contracture s'est tue.

Elle est devenue mon garde-fou.

Elle est toujours là : je ne peux pas garantir qu'à partir du km25, du km30, du km35 peut-être, elle ne va pas réapparaître. Un marathon, c'est exigeant pour le corps. Le moindre moment où tu vas puiser dans tes ressources, même sur 100 mètres un tout petit peu trop rapides parce que tu t'es emballé mentalement, tu vas le payer cash. Et avec des intérêts.

Elle est donc là, toujours latente, pour m'obliger à écouter body. What Body Wants, Body Does. Ma nouvelle devise. Je ne regarde quasiment plus ma montre. Je regarde à l'intérieur de moi.

Ce marathon sera-t-il celui de la maturité ?

En tout cas, j'y vais.

jyvais

 

Pour les curieux, je vous invite à lire tous les ouvrages de Castaneda, un occidental qui a été éveillé par un chamane indien et a raconté son histoire extraordinaire dans des livres d'une richesse incroyable, lumineux, qui ont participé à changer ma vie -

Ne-pas-faire

Dans le livre, Castaneda est invité à faire une expérience : courir, de nuit, sur un sol troué de crevasses. Il ne voit rien. La première fois, il tente de voir; il anticipe les crevasses; il fait des hypothèses, se protège, ralentit par précaution. C'est son mental a le pouvoir. Résultat : il tombe dans tous les trous, c'est une catastrophe.

La deuxième fois, grâce à son chamane, il comprend qu'il doit simplement ne-pas-faire c'est à dire, ne pas essayer de réussir. Ne pas rajouter son mental à l'expérience purement physique de l'action des mouvements du corps. Au contraire, laisser l'instinct de son corps faire tout seul. Il y a un énorme lâcher prise : celui de la peur.

Il fait le même parcours, et ne tombe pas une seule fois.


 

 

 

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Commentaires
E
Et je viens de me faire une ampoule à chaque talon cause testage (en croyant bien faire) d'une nouvelle paire d'asics. Tu connais la durée de vie d'une ampoule? ^^
C
Ouhlà ! C'est dimanche. Que le dieu de la maturité t'accompagne dans ton prochain voyage. Et si au passage il pouvait foutre la paix au dieu du chrono.....
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